dimanche 31 janvier 2010

Cocorico ! : l'expertise française en contre-insurrection focalise l'intérêt US


Le blog de David H. Ucko note avec intérêt la sortie du numéro 10 de la revue Sécurité Globale consacré à la Contre-insurrection.
«Sécurité globale se distingue par son approche transversale qui en fait d'ores et déjà un outil de référence sur les questions de sécurité.» "Revue de référence française consacrée aux questions de sécurité intérieure et aux enjeux sécuritaires internationaux, Sécurité globale offre une plate-forme de recherche et de débats sur des thématiques comme le terrorisme, la criminalité organisée, les crises sanitaires, la gestion des catastrophes naturelles et industrielles. Son approche se veut autant conceptuelle qu’opérationnelle, selon une logique qui vise à éclairer la globalité des enjeux de sécurité de ce XXIe siècle naissant."
Ce numéro comporte notamment les articles suivants :
  • Comprendre et gérer la complexité
  • La polémosphère
David H. Ucko est un chercher américain (Ph.D.) spécialisé dans la Contre-insurrection et les guerres civiles. Il est l'auteur de The New Counterinsurgency Era: Transforming the U.S. Military for Modern Wars (Georgetown University Press, 2009).
C'est aussi l'occasion de vous faire savoir que le blog de David H. Ucko vient de migrer vers une plateforme de bloggeurs intéressés par les questions de stratégie : Kings of War.
"Kings of War is about strategy, widely defined. The blog has a number of columns.
  • Alanbrooke is on British national security and defense.
  • Clausewitz deals with strategic theory.
  • Galula explores counterinsurgency.
  • Grant, like the U.S. general and president, is concerned with American grand strategy.
  • Mao covers insurgency and terrorism.
  • Thucydides is history.
  • Turing, as in Alan Turing, reviews cyberwar and the virtual dimension of conflict.

Bonne découverte de ces blogs et de cette revue. TRès bonne lecture !

samedi 30 janvier 2010

RETEX GRIPPE A H1N1 : un "échec à méditer"

Dans Vaccination - l'échec à méditer (LEMONDE.FR, 29.01.10), le député (PS) Gérard BAPT , rapporteur spécial de la "mission santé" pour la commission des finances, revient sur la gestion de la grippe A H1N1.
Selon lui "l'échec est avéré". Il s'agit d'un triple échec : économique, moral et de communication.
Constatant que seulement "5 % de la population ont été vaccinés" (les chiffres divergent selon les sources), il stigmatise la "gestion totalement étatique de la crise sanitaire" et "l'application mécaniste du principe de précaution".
Au-delà de la charge politicienne contre MME Roselyne BACHELOT, cet article propose, lors de l'analyse critique de cette crise sanitaire, de se poser les bonnes questions :
  • quelle stratégie face à la prochaine pandémie ?
  • comment expliquer la décision politique, pour entraîner l'adhésion de la population ?

Parmi les éléments à noter, Gérard BAPT reproche l'entêtement vers la vaccination de masse, qui se révélé injustifié. Selon le député, on n'a pas tenu compte de la mission parlementaire sur la grippe aviaire de 2006, qui avait indiqué que le développement d'une pandémie pourrait être enrayé par la vaccination du tiers de la population. Et surtout, on a appliqué le principe de précaution en "le transformant en protection politique... et juridique !"

Concernant l'adhésion de la population, Gérard BAPT note qu'elle aurait pu être obtenu en impliquant les médecins (médecine de premier recours) ; en créant une mission d'information parlementaire dès le début de la crise et en créant une vraie transparence des débats d'expertise scientifique.

Constatant que "dans des pays à haut niveau d'éducation et à l'heure d'Internet" cette confiance est aujourd'hui plus difficile à obtenir, Gérard BAPT plaide pour "faire du principe de précaution un processus délibératif ouvert sur la société".

Mes précédents billets sur le RETEX de la grippe A H1N1 :

RETEX GRIPPE A H1N1 : audition de la ministre et des laboratoires par le Sénat
RETEX GRIPPE A H1N1 : commission d'enquête parlementaire et OMS
commission d’enquête parlementaire sur la grippe A H1N1
RETEX sur la grippe A H1N1 : première contribution de Patrick LAGADEC
Grippe A H1N1 et Principe de précaution
Retour sur la grippe A H1N1 : sur-réaction ou sagesse mal comprise ?

vendredi 29 janvier 2010

UN BLOG A DECOUVRIR : ANABLEPS : Apprendre à penser global pour décider dans un monde incertain

Je vous recommande la visite du
blog Anableps, dont voici la présentation :
"Pourquoi Anableps?
L’Anableps est un poisson partiellement immergé dont les yeux lui permettent de percevoir simultanément des objets dans l’eau et dans l’air. Pour assurer la vision dans les deux milieux, l'Anableps possède deux pupilles pour un même cristallin.
Dans notre monde incertain, tout décideur doit être comme un Anableps, capable de voir le visible (pour la gestion quotidienne) et l'invisible (pour la vision stratégique). Il doit être capable de comprendre son environnement et l'impact de ses propres décisions dans leur globalité; être conscient que des interactions cachées préexistent à toute prise de décision et que, savoir les prendre en compte en amont, c'est améliorer la pertinence de cette décision.
Ce blog s'intéresse à tout ce qui touche à la décision. Il a pour objectifs d'explorer de nouvelles pistes, de remettre en cause certaines fausses certitudes. Il donne des clefs pour un leadership et un management plus efficace, donc plus humain. Il veut donner envie d'être plus clairvoyant, plus perspicace, de mieux comprendre les ressorts de la motivation, et, in fine, il souhaite aider à ʺvoir loin, large, profond, prendre des risques, penser à lʹhomme", comme l'écrivait Gaston Berger (1964).
A partir de la notion d'aide à la décision dans un univers incertain, le blog traite des concepts tels que l'approche globale, les systèmes complexes, la systémique (analyse et modélisation), l'approche par les effets, la planification décisionnelle, les mesures de la performance et de l'efficacité, etc..."
Le blog comporte également un onglet définitions : dans lequel vous trouverez notamment :
  • Aide à la décision
  • Approche globale
  • Approche par les effets
  • Décision stratégique
  • Outil d'aide à la décision
  • Vision stratégique

Le dernier billet mis en ligne traite de L'approche systémique :

"L’approche systémique permet de mieux envisager le monde de façon globale, de fixer des objectifs précis et réalistes, et d’éviter certaines erreurs dans la prise de décision. Elle ouvre à d'autres logiques plus efficaces pour résoudre des problèmes complexes..."

Bonne découverte, bonne lecture et bon surf !

jeudi 28 janvier 2010

Le Pentagone et Haiti

"Personne d'autre que les Etats-Unis ne peut fournir une telle assistance et nous sommes heureux de le faire.
Cela montre au monde de manière évidente que
nos forces armées n'ont pas qu'un rôle militaire ;
nous sommes aussi présents pour le bien de l'humanité et pour apporter assistance partout dans le monde à ceux qui en ont besoin."
("No one can provide the kinds of assistance we can, and we are happy to be doing it," he said. "It shows the world that obviously we are not a one-dimensional force; we are a force for good and try to provide assistance to those who need it around the world.")
Comme je vous le faisais reparquer dans mon billet du dimanche 24 janvier 2010 HAITI : POUR UNE FORCE DE REACTION HUMANITAIRE EUROPEENNE, en m'appuyant sur les propos d'Alain Frachon dans Le Monde ("seule l'armée américaine peut déplacer en 48 heures 10 000 hommes et leur matériel"), l’intervention américaine en Haiti permet de justifier l’intérêt d’avoir un outil militaire gigantesque. Seule cette giga-puissance est capable de déployer autant de moyens et autant d’hommes aussi rapidement. Eux seuls ont les capacités d’envoyer un porte-avions, un navire-hôpital et de prendre le contrôle technique d’un aéroport pour le rendre à nouveau fonctionnel.
Cette opération en Haiti permet au Pentagone de montrer ses capacités incontournables et uniques. L'armée américaine prévoit de rester 6 mois avant de laisser la main à d'autres organisations.
Le blog THE TENSION dans Pentagon: Administration Mulls Military Role in Haiti Beyond Relief rapporte les propos du service de communication du Pentagone :
"News in Balance:WASHINGTON, Jan. 27, 2010
"The U.S. government still is figuring out the details of American assistance in Haiti, Pentagon Press Secretary Geoff Morrell said here today, noting that Defense Secretary Robert M. Gates and President Barack Obama discussed the issue yesterday.
"I think that everybody would say by now that the aid is flowing in a very productive and helpful fashion," Morrell told Pentagon reporters. "But the question now becomes, now that this immediate relief has been provided, what do we want to do from here? What can we do from here?"Morrell characterized security in Haiti as "stable, but fragile," saying groups displaying unrest are a reflection that aid distribution is an ongoing challenge."We have to be mindful of the security climate there," he said. "We have to provide the kind of security that will facilitate a safe, secure flow of food, water, medicine, whatever it may be to the population."Morrell estimated that U.S. relief efforts to date have cost hundreds of millions of dollars, and said thousands of additional forces are in the pipeline to be sent to Haiti."So we envision that there will be a role for the United States military for some time to come in Haiti," he said, adding that the United States is honored to carry out a relief mission in a country it's uniquely positioned to help."No one can provide the kinds of assistance we can, and we are happy to be doing it," he said. "It shows the world that obviously we are not a one-dimensional force; we are a force for good and try to provide assistance to those who need it around the world."U.S. military assistance in Haiti likely is to continue for three to six months before yielding to international and non-government groups as they take on greater responsibility for the massive humanitarian relief effort there, the director of Defense Logistics Agency said yesterday."I think there's a commitment to continue to provide support and stay engaged until other organizations can take over the role," Navy Vice Adm. Alan Thompson told the Defense Writers Group."My sense would be that probably in the three- to six-month time period would be when there would be efforts to try to transition some of the support," the admiral said.
(Report by John J. Kruzel, American Forces Press Service.)"

mercredi 27 janvier 2010

Responsabilité des maires : méthode globale d’analyse des risques sur les territoires et 100ème numéro du JAC (journal des accidents et catastrophes)

Le JAC (journal des accidents et catastrophes) existe depuis 10 ans et fête son 100ème numéro avec la publication de janvier.
C'est l'occasion de vous rappeler l'existence de ce site de grande qualité sur la gestion des risques et catastrophes et aussi de vous signaler une remarquable étude :

Risques et territoires ;
Plaidoyer pour une méthode globale d’analyse des risques


"De nos jours les collectivités territoriales sont confrontées à un panel de risques très divers et les possibles effets dominos sont avérés. La réalisation de ces risques est source de responsabilité notamment lorsqu’aucune action préventive et/ou corrective n’a été mise en place par les élus locaux. Ces derniers ont rarement la maîtrise des risques existants sur leur territoire de compétence car ils n’ont pas reçu de formations les sensibilisant à la question lors de leur prise de fonction.

Aujourd’hui, le territoire communal est bien trop morcelé de par les regroupements intercommunaux pour que le maire soit en mesure d’identifier tous les risques qui impactent son territoire.
En guise de plaidoyer pour la défense d’une méthode globale d’analyse des risques, nous invitons le législateur à donner à l’autorité compétente sur un territoire la possibilité de prendre une mesure de police dans un contexte éclairé.
Autrement dit, il s’agit de déployer le pouvoir de police à l’égard d’autorités formées à la prévention et la gestion des risques.

Dès lors et en l’état actuel de la législation, la présentation de la méthode suppose de s’interroger
préalablement sur la définition d’un territoire pertinent d’analyse des risques (I) avant de s’intéresser à l’analyse des risques proprement dite et à ses conséquences (II). En effet, la méthode s’appuie sur une étude systémique du territoire, reposant sur les différents éléments de ce système, leurs fonctions et les relations qui les lient. Cette étude préliminaire indispensable permet d’obtenir une connaissance approfondie de la dynamique propre au territoire et des enjeux associés. A partir de cette analyse, des grilles d’inventaire des sources de dangers présentes sur le territoire sont élaborées et permettent de construire des scénarii d’accidents. Le but est que ces grilles soient utilisées par les élus locaux pour une meilleure maîtrise des risques de nature à limiter in fine la mise en jeu des mécanismes de responsabilité.
Bonne lecture !
Mes autres billets sur le JAC :

dimanche 24 janvier 2010

HAITI : POUR UNE FORCE DE REACTION HUMANITAIRE EUROPEENNE


La création d'une force européenne de protection civile permettrait de donner un signal fort de l’Europe-puissance, qui se cherche encore.
Elle permettrait aussi de maintenir les efforts de Défense européens à un niveau de juste suffisance. Car, au-delà de toutes les autres justifications, l’intervention américaine en Haiti permet de justifier l’intérêt d’avoir un outil militaire gigantesque. Seule cette giga-puissance est capable de déployer autant de moyens et autant d’hommes aussi rapidement. Comme le note Alain Frachon dans Le Monde,
« seule l'armée américaine peut déplacer en 48 heures 10 000 hommes et leur matériel ». Eux seuls ont les capacités d’envoyer un porte-avions, un navire-hôpital et de prendre le contrôle technique d’un aéroport pour le rendre à nouveau fonctionnel.

ET L’EUROPE ?

« Puissance économique, l'Europe reste un nain militaire. » (Alain Frachon)

L'Europe paye. Ainsi, l'UE devrait consacrer près de 450 millions d'euros à Haïti. Mais, sur le terrain, l’origine des fonds ne se voit pas. Ce qui se voit, ce sont les avions, le porte-avions, les soldats US. Ce qui se voit, c’est que l’Europe n’est pas capable de générer des moyens militaires rivalisant avec ceux des Etats-Unis.
Pourtant, comme le rappelle Alain Frachon, le budget militaire de l’UE équivaut à la moitié de celui des Etats-Unis. Or, notre gap logitique vis-à-vis de cette giga-puissance n’est pas un défaut de capacités de moitié inférieur, mais de l’ordre du dixième, voire plus…

En 2006, Michel Barnier proposait un projet d’une force européenne de protection civile baptisée « EuropAid », résultat d’une solide expérience de ces situations de crises :
  • En tant que ministre de l’environnement et de la prévention des risques naturels
  • En tant que commissaire européen lors des séismes en Turquie et en Grèce
  • En tant que ministre français des Affaires étrangères lors du tsunami de 2004.

Pour faire face à une crise, il faut avoir su préparer la réponse en amont. Le rapport Barnier proposait donc :

  • La création d’un centre opérationnel de veille et de réponse aux crises permanent
  • La mise en commun de matériels et d’hommes prépositionnés regropupés dans une force européenne de sécurité civile dénommée « Europaid ».

UNE OPPORTUNITE EUROPEENNE

Le général Bentegeat, qui a présidé le comité militaire de l’UE pendant 3 ans, plaide pour la création d’un centre de commandement civilo-militaire à Bruxelles, qui regrouperait les deux volets de la politique de sécurité et de défense (PESD).
L’Europe, à la différence de l’OTAN, dispose d’expérience et de capacités pour gérer les crises sur tout leur spectre, depuis le militaire jusqu’au civil. Ces capacités sont reconnues et appréciées par la communauté internationale.
Créer une capacité permanente et robuste de réponse aux catastrophes humanitaires permettrait d’étendre les compétences et la puissance européennes.
Si le consensus est parfois difficile à trouver pour d’autres projets. Le peu d’enthousiasme des Européens à bâtir une force de protection civile européenne ne s’explique pas.

AVANT LES CASQUES ROUGES, UNISSONS LES EFFORTS EUROPEENS
Nicole Guedj plaide pour la création de « casques rouges » , qui seraient, pour l’humanitaire, l’équivalent de nos casques bleus. Avant d’en arriver à cette ultime étape, l’échelon européen paraît pertinent. En effet, cette réponse commune nécessite des procédures normalisées. Une telle coordination sera déjà difficile à 27. Mais certainement moins qu’à 192...

Voir aussi :
projet d’une force européenne de protection civile baptisée « EuropAid »

Sur le blog Bruxelles 2 :
Séisme à Haïti: y-a-t il un pilote dans l'avion européen ? (Par Nicolas Gros-Verheyde Mercredi 20 janvier 2010)
Une cellule de l'UE pour coordonner l'aide logistique à Haïti (Par Nicolas Gros-Verheyde - Vendredi 22 janvier 20105/20:05)
Vers une mission européenne de sécurisation à Haiti ? (Par Nicolas Gros-Verheyde - Jeudi 21 janvier 2010)

Egeablog : De la puissance humanitaire : une vocation européenne ?

« Défense en ligne » sur les Les blogs du Diplo : Un rêve d’Europ Aid, vendredi 15 janvier 2010, par Philippe Leymarie

Mon billet du samedi 16 janvier 2010 : Haiti : la communauté internationale était-elle préparée ?

samedi 23 janvier 2010

RETEX GRIPPE A H1N1 : audition de la ministre et des laboratoires par le Sénat

« Pandémie grippale H1N1 : la commission des affaires sociales entend les laboratoires pharmaceutiques et la ministre de la santé »
Le 20 janvier, la commission des affaires sociales du Sénat a entendu :
  • la ministre de la santé, Roselyne Bachelot-Narquin
  • les 4 laboratoires pharmaceutiques fournisseurs de vaccins (GlaxoSmithKline, Sanofi Pasteur, Novartis et Baxter).

« Les sénateurs ont longuement interrogé la ministre sur l'organisation du dispositif de vaccination et ses dysfonctionnements. Roselyne Bachelot-Narquin a rappelé les raisons du choix de proposer la vaccination à l'ensemble de la population. Aux sénateurs qui relevaient le succès plus que relatif de cette campagne, elle a objecté que 10 % de la population y ont déjà eu recours, ce qui place la France au troisième rang mondial après la Suède et le Canada. Ce taux devrait encore s'accroître du fait de l'approvisionnement dans les tout prochains jours des 22 000 pharmacies de France en vaccins monodoses qui pourront dès lors être facilement mis à disposition des médecins libéraux. Précisant que la campagne de vaccination nationale se poursuivra jusqu'en septembre, elle a souligné la nécessité de maintenir la mobilisation, l'épidémie pouvant connaître un nouveau pic dans les prochains mois ou à l'automne. »

Une enquête sur le bon usage des fonds consacrés à la lutte contre la pandémie a été demandée à la Cour des comptes (résultats attendus courant 2010)

Ces auditions ont permis de lever certaines interrogations portant sur :

  • les clauses de responsabilité
  • les résiliations de commandes
  • conditionnement en flacons multidoses

clauses de responsabilité contenues dans les contrats d'acquisition :

  • l'Etat est responsable de l'organisation de la campagne de vaccination de masse qu'il a choisi de mettre en œuvre
  • les laboratoires sont responsables des produits défectueux

"La ministre de la santé a précisé que les laboratoires ont tenté d'obtenir une clause d'exonération de leur responsabilité du fait des produits défectueux, mais que l'unité des pays membres de l'Union européenne sur cette question a permis de résister à cette demande, ce qui n'a pas été le cas ailleurs, en particulier aux Etats-Unis"

résiliations de commandes : portent sur 50 millions de doses :

  • 32 millions de doses pour GSK
  • 11 millions pour Sanofi Pasteur
  • 7 millions pour Novartis

Les laboratoires ont fait état de pertes de chiffres d'affaires de 300 millions d'euros. Une partie des vaccins pourra toutefois être revendus aux pays de l'hémisphère sud. Ces vaccins commandés sont d'ores et déjà fabriqués.

conditionnement en flacons multidoses :

  • ce choix a été contesté pour avoir fait obstacle à la vaccination dans les cabinets libéraux et être à l'origine de gaspillages
  • il était imposé par la nécessité d'engager la campagne de vaccination le plus rapidement possible.

Mes précédents billets sur le RETEX de la grippe A H1N1 :

jeudi 21 janvier 2010

RETEX GRIPPE A H1N1 : commission d'enquête parlementaire et OMS

Je vous avais annoncé sa création dans mon billet du vendredi 15 janvier 2010 : "commission d’enquête parlementaire sur la grippe A H1N1".
La commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la grippe A H1N1 va effectivement être créée. La nouvelle vient d'être annoncée par Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale.
Par ailleurs, lors du conseil exécutif de l'OMS, Margaret Chan a reconnu certains problèmes dans la gestion de la pandémie :
« Nous avions prévu qu'il y aurait des problèmes pour produire des vaccins suffisamment rapidement (...), mais nous n'avions pas prévu que les gens décideraient de ne pas se faire vacciner ». Selon elle, « l'époque où les responsables de la santé pouvaient donner leurs recommandations (...) et attendre que les populations s'y plient est sans doute révolue ».
Il s'agit maintenant de suivre, collecter et analyser ces éléments de RETEX.
Mes précédents billets sur le RETEX de la grippe A H1N1 :

Voir aussi :

mercredi 20 janvier 2010

Center for Complex Operations : un organisme consacré aux opérations complexes


En complément de mon précédent billet de ce matin (PRISM : une revue militaire consacrée aux opérations complexes), je vous recommande le site du Center for Complex Operations .

C'est l'organisme qui publie la revue PRISM. Vous pourrez y télécharger des documents intéressants. Notamment celui-ci :
La vocation de ce site est celle de la revue PRISM : préparer l'Etat américain à faire face aux opérations complexes, que sont les opérations de contre-insurrection et de stabilisation. Il s'agit donc d'unir les efforts militaires et les efforts civils pour faire face à la complexité des guerres actuelles, dont l'Irak et l'Afghanistan sont les exemples emblématiques.
Bonne lecture !

"Enhancing the U.S. Government's Ability to Prepare for Complex Operations.
The CCO will link U.S. Government education and training institutions, including related centers of excellence, lessons learned programs, and academia, to foster unity of effort in stability operations, counterinsurgency, and irregular warfare – collectively called “complex operations.” The Department of Defense, with support from the State Department and USAID, established the Center for Complex Operations (CCO) as an innovative interagency partnership. Recognizing that unity of effort across disparate government agencies, and across DoD components, requires shared intellectual and decision-making frameworks, the CCO will connect education and training programs across the government to foster a ‘whole of government’ understanding, assessment and approach to complex operations."

PRISM : une revue militaire consacrée aux opérations complexes


La National Defense University américaine (NDU) vient de mettre en ligne une revue très prometteuse : PRISM. Cette revue traite des opérations complexes auxquelles sont confrontées les forces américaines avec une approche résolument transverse ou globale (comprehensive approach). Le but, in fine, est de permettre aux militaires et civils de mieux se comprendre, de mieux comprendre les enjeux auxquels ils sont confrontés et d'améliorer leurs méthodes de gestion des crises complexes.

"PRISM is published by the National Defense University Press for the Center for Complex Operations. PRISM is a security studies journal chartered to inform members of U.S. Federal Agencies, allies, and other partners on complex and integrated national security operations; reconstruction and nation building; relevant policy and strategy; lessons learned; and developments in training and education to transform America’s security and development apparatus to meet tomorrow’s challenges better while promoting freedom today.
L'intégralité du premier numéro est disponible en ligne : Welcome to PRISM Vol. 1, No. 1
Excellente lecture !

lundi 18 janvier 2010

Gestion de risques et légitimité des élites

Dans mon billet du mercredi 13 janvier 2010 Notre société face aux risques : "fragilité et angoisse du chaos" je vous avais promis de "modérer les points de vue d'experts par une publication récente qui rejette le climat d'angoisse et d'insécurité sur les discours alarmistes de ces mêmes experts".
En effet, la fondation Copernic (groupe de réflexion altermondialiste et anti libéral) a publié le 8 janvier 2010 un article intitulé : "Gestion de risques et légitimité des élites - À propos de l’institutionnalisation de la gestion de risques dans les écoles du pouvoir".
Dans cet article, l'auteur, Michel Daccache, prenant acte de l'imposition de la notion de risque comme référentiel majeur de nos manières de penser le monde, démontre que la gestion des risques est désormais devenue un enjeu de domination pour les élites.
Alors que les sphères privées ont recours au risk management et accordent au risk manager une place de choix dans la hiérarchie de l'entreprise ("position de pouvoir proche de la direction générale"), les élites administratives et leurs écoles de formation ne pouvaient donc pas rester en retrait. Les formations de gestion du risque ont donc fleuri dans les grandes écoles : "Polytechnique, les Mines, l’ENA, les Arts et métiers, Sciences Po, HEC..."
Cet "intérêt porté à la gestion de risques s’explique largement par la volonté d’attirer les investisseurs privés et par celle de « placer » les diplômés aux meilleurs postes. Ceci est notamment rendu visible par la création, un peu partout, de chaires de gestion de risques, celles-ci étant systématiquement orientées vers la recherche de partenariats avec le privé."
D'une pratique professionnelle issue du monde privé, la gestion du risque est donc devenu, in fine, un discours dominant irriguant la manière de penser et de gouverner de nos élites.
Au-delà du propos parfois caricatural (notamment la critique excessivement sévère de Patrick Lagadec), ce texte a néanmoins le mérite de souligner que :
  • la société du risque, c'est-à-dire la manière de penser le monde qui nous entoure à travers la notion de risque, est devenu un paradigme sociétal incontournable
  • elle induit des changements profonds dans la manière dont les élites raisonnent et gouvernent

Voici mes commentaires supplémentaires :

  • l'inscription du principe de précaution dans la constitution et la gestion de la grippe A H1N1 sont des exemples emblématiques de cette évolution sociétale
  • il importe désormais d'étudier ces changements sociétaux et de se prononcer sur leur pertinence
  • il convient, ainsi, à mon sens, de retrouver une culture positive du risque pour échapper à la tyrannie de la précaution
  • mais la bonne attitude du gestionnaire de risques n'est pas d'être risquophile ou risquophobe. Elle consiste à adapter son comportement aux circonstances et surtout à responsabiliser les citoyens en les éduquant sur les risques sans produire un sentiment de panique excessif.
  • il est donc bon que les grandes écoles et nos élites s'intéressent à la notion de risque. Mais il ne faut pas que ce savoir demeure élitiste et imposé à la population. Nos élites doivent aussi apprendre comment communiquer aux citoyens la culture du risque, afin que les décisions prises soient comprises et reçoivent l'adhésion.

Tout un programme !

Pour aller plus loin :

Gestion de risques et légitimité des élites - À propos de l’institutionnalisation de la gestion de risques dans les écoles du pouvoir

Ils ont organisé la psychose : le président de la commission santé du Conseil de l’Europe, l’allemand Wolfgang Wodarg accuse les lobbys pharmaceutiques et les gouvernants... (L'Humanité, janvier 2010).

dimanche 17 janvier 2010

RETEX sur la grippe A H1N1 : première contribution de Patrick LAGADEC

Dans "LA DRÔLE DE GRIPPE" Pandémie grippale 2009 : essai de cadrage et de suivi (Cahier de recherche n° 2010-03, Département d'Economie, Ecole Polytechnique, janvier 2010) Patrick LAGADEC apporte ses premiers éléments de réflexions pour servir au futur RETEX de ce événement.
Comme je le disais dans mon billet du 15 janvier 2010, une commission d’enquête parlementaire sur la grippe A H1N1 devrait bientôt voir le jour.
Peut-être s'appuiera-t-elle en partie sur les travaux de Patrick LAGADEC. Toujours est-il, que cette contribution (sur laquelle nous reviendrons) appelle, en première approche, les commentaires suivants :
  • Patrick LAGADEC stigmatise un mode de pensée militaire (les métaphores militaires, à commencer par le titre - "La Drôle de grippe" - abondent), qui en serait rester à des schémas simples voire simplistes : "La machinerie commence à s’ouvrir aux réalités d’une société devenue complexe, qui ne peut plus être régentée à partir d’un GQG militaire, digne de 1870 ou de 1914, d’où partiraient des ordres pour exécution sur la ligne de front." Lagadec va parfois jusqu'à réfuter la capacité des militaires à gérer ce type de crise ("Dans le sillage de Katrina, aux Etats-Unis, l’exécutif mit en avant l’importance nouvelle à donner aux autorités militaires en cas de situation intérieure gravissime. Les chercheurs se sont insurgés, soulignant les dangers d’une telle perspective. Ainsi Kathleen J. Tierney pointa le risque d’une militarisation du domaine des crises ... - p44). Cette vision du monde militaire à la hiérarchie sclérosante et productrice de pensée unique semble excessive, voire injuste, car les militaires (et encore plus dans leurs engagements récents) ont appris à se confronter à l'impensable et à réagir avec des méthodes inédites.
  • Patrick LAGADEC livre des éléments de terrain précieux jusqu'à ce témoignage d'un acteur militaire qui livre cette confession : "Je fais des expériences de méthode de travail pour éviter que le délégué de zone ne vienne défaire systématiquement ce que les équipes proposent de mettre en place au niveau local. Je crois que je ne suis pas fait pour la fonction militaire. » (p.84)
Pour aller plus loin :
- mes billets sur

- les billets de SD sur son blog "Pour convaincre, la vérité ne peut suffire", traitant de la grippe

samedi 16 janvier 2010

Haiti : la communauté internationale était-elle préparée ?

Alors que les images et l'émotion envahissent nos écrans,
je souhaite aborder cet événement sous l'angle de la préparation :
Quel était le degré de préparation
des organisations internationales présentes en Haiti
face à un séisme dont l'inéluctabilité était annoncée ?
Je n'ai pas (encore) réussi à trouver de réponses à des questions qu'il faudra pourtant bien se poser :
  • la MINUSTAH avait-elle organisé des exercices face à un tel événement et quels étaient les enseignements et préconisations retenus ?
  • le "Plan international de préparation et de réponse aux désastres naturels - 2007" note laconiquement : "En 2006, un exercice de leçons apprises avait été initié par OCHA au sein de la communauté internationale, dont la participation n’a pas été très active."
  • comment se fait-il que les bâtiments officiels des pays occidentaux se soient également révélés vulnérables : les pays occidentaux ont-ils laissé construire leurs bâtiments sans tenir compte de normes sismiques ? Ils ne pouvaient pourtant pas ignorer ce risque. Je comprends, étant donné la pauvreté de ce pays, que les constructions appartenant aux haitiens n'aient pas respecté les normes. Ce que je comprends moins, c'est que les bâtiments de l'ONU et des pays occidentaux n'aient pas (semble-t-il) respecté les normes anti-sismiques.
  • un article du Guardian note avec à-propos : "Wouldn't it have been a wonderful symbol if the UN building in Haiti had been properly built or retrofitted to resist earthquakes"

Après l'émotion, il faudra donc également tirer les enseignements sur la manière dont les organisations et communautés internationales présentes en Haiti s'étaient préparées face à une telle catastrophe. Au cours des premiers débats parlementaires (voir la Séance du 14 janvier 2010 au sénat - compte rendu intégral des débats - séisme à Haïti ) cette question n'a pas été abordée, souhaitons qu'elle le soit prochainement...

UNE CATASTROPHE ANNONCEE :

Le scénario était, inéluctablement, écrit :

  • 1751 et 1771 : Port-au-Prince est totalement détruite par un séisme.
  • 1842 : destruction de Cap-Haïtien
  • 1887 et 1904 : séismes dans le nord du pays avec dégâts majeurs à Port-de-Paix et Cap-Haïtien
  • 1946 : séisme dans le nord-est de la République dominicaine accompagné d’un tsunami dans la région de Nagua.

"Le séisme majeur survenu mardi en Haïti n’a pas surpris les spécialistes. La presqu’île où est construite la capitale, Port-au-Prince, est en effet traversée par «des failles capables de séismes de magnitude 7,1 à 8», expliquait le Pr Eric Calais, lors d’un cours de géologie donné… en Haïti en 2002." (Libération : Haïti, après le séisme 14/01/2010)

«Toutes les conditions sont réunies pour qu’un séisme majeur se produise à Port-au-Prince. Les habitants de la capitale haïtienne doivent s’y préparer. Cette catastrophe finira, tôt ou tard, par arriver.» (interview de Patrick Charles, ancien professeur à l’Institut de géologie appliquée à La Havane, accordée au quotidien haïtien Le Matin en 2008).

Pour aller plus loin :

Site Catnat.net : Haïti, archétype du pays vulnérable aux catastrophes naturelles

Tribune de Genève : Chronique d’une catastrophe annoncée

Libération : Haïti, après le séisme 14/01/2010

Courrier international : Chronique d'un séisme annoncé : "Plusieurs journaux haïtiens avaient publié ces derniers mois des articles mettant en garde contre un prochain séisme de grande ampleur. Tous déploraient l'absence de mesures préventives destinées à aider la population."

guardian.co.uk : The Haiti quake must not be dismissed as an 'act of God' : After taking care of the victims in Haiti, we should approach the people who allowed hospitals and schools to be constructed in ways that would collapse during an earthquake and ask them to do better, starting now. Wouldn't it have been a wonderful symbol if the UN building in Haiti had been properly built or retrofitted to resist earthquakes, and we could all observe it standing now? That could have taught many people the life lesson that we can plan for and mitigate against natural hazards.

Plan international de préparation et de réponse aux désastres naturels - 2007 En appui au Système national de gestion des risques et désastres : "En 2006, un exercice de leçons apprises avait été initié par OCHA au sein de la communauté internationale, dont la participation n’a pas été très active."

vendredi 15 janvier 2010

commission d’enquête parlementaire sur la grippe A H1N1

"ce qui n’a pas fonctionné doit nous servir
à préparer un plan réellement opérationnel, efficace et réaliste
pour le jour où nous serons confrontés à une pandémie plus grave"

Une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination de la grippe A (H1N1) vient d'être déposée à l'assemblée nationale.

Constatant que
  • "la France s’est montrée clairement en difficulté dans ce dossier"
  • "notre pays fait partie de ceux qui ont le taux de vaccination le plus faible, malgré les moyens très importants engagés"
  • "Au moment de la grippe aviaire, des plans avaient été établis pour éviter le risque d’une pandémie. Ces plans n’ont vraisemblablement pas été suivis ou bien étaient inadaptés."
cette résolution propose :
  • "un véritable travail d’analyse, transparent, public et contradictoire
  • afin de comprendre les dysfonctionnements du plan de vaccination et les améliorations à lui apporter."
cette commission d’enquête devra répondre à de nombreuses questions dont :
– " Comment communiquer mieux sans générer le trouble dans les esprits ?"
– " Comment réaliser des vaccinations de masse ?"
– " Pourquoi et comment d’autres pays occidentaux ont-ils réussi à vacciner plus de patients que nous ?"
Cette proposition de résolution a été présentée par 6 députés du Nouveau Centre :
  • Jean-Christophe LAGARDE
  • Jean-Luc PRÉEL
  • Maurice LEROY
  • Jean DIONIS du SÉJOUR
  • Jean-Pierre ABELIN
  • Colette LE MOAL.

mercredi 13 janvier 2010

Notre société face aux risques : "fragilité et angoisse du chaos"


L'article AFP de ce jour ( Neige, froid: la France entre fragilité structurelle et angoisse du chaos ) consacré à l'épisode neigeux qui s'est abattu sur la France permet de revenir, à travers les propos d'experts sur l'impréparation de notre société face aux risques et crises. Il s'agit notamment de :

- la vulnérabilité des réseaux de transports ;
- le manque de préparation des populations ;
- les défauts d'une communication qui, au lieu de rassurer les usagers, amplifie leurs angoisse et désorientation.

Patrick Lagadec note finalement que : "Du côté des cadres de réponses aux situations d'urgence, on a une guerre de retard".

Afin de modérer ces points de vue d'experts, je reviendrai très prochainement sur une autre publication récente qui rejette le climat d'angoisse et d'insécurité sur les discours alarmistes des mêmes experts.

mardi 12 janvier 2010

Grippe A H1N1 et Principe de précaution



En complément de mon avant-dernier billet (Retour sur la grippe A H1N1 : sur-réaction ou sagesse mal comprise ? ), le site canal-académie vient de mettre en ligne l'émission intitulée "Comment fabrique-t-on une crise sanitaire... virtuelle ? : Derrière cette provocation se cache l’inquiétude du professeur André Aurengo. Peur du téléphone portable, de l’eau du robinet, du vaccin contre l’hépatite B..., ces questions souvent infondées finissent, sous la pression de l’opinion public, par enclencher un principe de précaution, et parfois des mesures gouvernementales qui au lieu de rassurer la population, l’inquiète : on lui cachait bien quelque chose. Faites le point sur les vraies et les fausses psychoses avec un médecin dont le discours est à contrecourant de bien des opinions à la mode."
Le site propose également de revenir sur le principe de précaution en lui consacrant un dossier qui regroupe plusieurs émissions :

Ceci afin de prendre en compte l'impact du principe de précaution et ses évolutions sociétales dans le RETEX qui sera consacré à la grippe A H1N1 et les choix faits par Roselyne Bachelot.

dimanche 10 janvier 2010

A lire sur le blog d'Arthur Charpentier



Je vous avais déjà signalé son blog.

Il vient de mettre en ligne 3 billets que je vous recommande : mêlant humour et sérieux ce blog permet de prolonger les réflexions sur la gestion des risques et crises à travers le regard d'un économiste-statisticien-actuaire maître de conférence à l'université de Rennes :

La France a commandé 90 millions de vaccins ? (c'est bien vu d'illustrer ce thème grave avec un passage d'Obélix et compagnie : mais qu'est-ce que je vais en faire de tous ces menhirs ...?)
Non sans humour, Arthur nous promet d'autres billets tout aussi intéressants : "Bon, s’il faut continuer la surenchère pour coller un réassureur, la prochaine fois je parle d’une météorite sur Paris !"

Bonne lecture !

Retour sur la grippe A H1N1 : sur-réaction ou sagesse mal comprise ?

La gestion du risque sanitaire constitué par la grippe A H1N1 ne peut être analysée de manière exclusive sans prendre en compte quatre phénomènes qui justifient l’action du gouvernement :

- Les précédents au cours desquels l’Etat a été accusé d’incompétence criminelle : sang contaminé et canicule sont deux exemples emblématiques de l’attitude citoyenne qui ne pardonne aucune erreur à l’Etat ;
- Le principe de précaution, inscrit dans notre constitution et qui, selon la manière dont il est interprété, peut conduire aux décisions les plus excessives ;
- Le paradigme de la « société du risque » : bien décrit par Ulrich Beck, cette notion traduit une évolution sociétale majeure. De fait, notre société ne supporte plus de prendre le moindre risque et entretient à leur égard des rapports ambigus et passionnés.
- Les premières recommandations de l’OMS et l’incertitude sur l’évolution du virus plaidaient pour une vaccination préventive massive.

Dans ce contexte, la décision gouvernementale est moins sujette aux accusations caricaturales dont elle fait l’objet actuellement.

Ce qui doit cependant faire débat, c’est la manière dont le gouvernement a communiqué et la façon dont il a déresponsabilisé les citoyens.

Deux articles parus ce week-end dans Le Monde permettent d’y voir un peu plus clair. On y apprend notamment, que :
- « Ni les médecins généralistes, ni les parlementaires, ni les experts n'ont pas été impliqués alors qu’ils auraient pu recommander la vaccination, contrôler l'investissement de l'Etat et expliquer pourquoi l'OMS avait lancé un tel signal d'alarme.
- Cette campagne a été menée sur le mode militaire, selon une mobilisation à l'ancienne telle qu'on la concevait au temps de Pasteur : une guerre déclarée contre un virus clairement identifié comme l'ennemi dont il faut se débarrasser.
- Les choix faits par Roselyne Bachelot dans le cas du risque H1N1 supposent que la société veut se protéger au maximum, que le décès d'une seule personne devrait pouvoir être évité.
- Si vous êtes médecin, que vous voyez beaucoup de gens mourir et que vous relativisez les situations, vous ne donnez pas au principe de précaution la même interprétation… »

Ces deux articles sont des interviews de :
- François Ewald, spécialiste du principe de précaution,qui, dans « Le principe de précaution oblige à exagérer la menace », revient sur l’usage parfois abusif qui est fait du principe de précaution.
- Frédéric Keck, anthropologue au CNRS et spécialiste des crises sanitaires, qui, dans "Lutte anti-grippe A - Un échec du catastrophisme", revient sur le fait que moins 10% de la population française ait accepté la vaccination.

Le mot de la fin revient à Frédéric Keck :
« Les enjeux réels de la vaccination, dont tous les experts s'accordaient à dire qu'elle était préférable, compte tenu de l'incertitude inhérente à la nouveauté de ce virus, n'ont pas été assez expliqués. On n'a pas assez fait valoir que se faire vacciner, c'était contribuer à limiter la propagation du virus dans la population humaine –autrement dit, faire acte d'écologie sociale. Du point de vue de la rationalité des experts, tout a parfaitement fonctionné; la seule chose qui a manqué, c'est la mobilisation des citoyens. C'est vraiment un échec de la participation, de la démocratie sanitaire. […] Entre la prévision d'une catastrophe complètement virtuelle et la vie quotidienne, faite de routine et d'habitude, il y a une rupture. Et pour combler cette rupture, il faut beaucoup de médiation et de pédagogie.»

Pour aller plus loin :
Grippe A (H1N1) : la gestion du "risque psychosociologique majeur" : article sur « ETATS DE CRISES », le blog de Christian Regouby;
Grippe H1N1 On se trompe de polémique : article sur « ETATS DE CRISES », le blog de Christian Regouby;
Aux risques d'innover - Les entreprises face au principe de précaution : présentation du livre dirigé par François EWALD (nov 2009à sur le site de l'Institut de l'entreprise

mardi 5 janvier 2010

Création de l'Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

A lire sur le Portail du gouvernement : le conseil des ministres de ce jour a créé
l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Cette agence est la fusion de l'AFSSA et de l'AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire des aliments et Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail).

Pour en savoir plus :

Conseil des ministres (extrait) : Création de l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Création d'une nouvelle agence sanitaire regroupant Afsset et Afssa (AFP, repris par Romandie News )

dimanche 3 janvier 2010

La grande stratégie de l’empire byzantin

Paru en novembre 2009 sous le titre anglais “The Grand Strategy of the Byzantine Empire”, le dernier livre d’Edward Luttwak mérite notre intérêt. Il fait suite à sa précédente « grande stratégie de l’empire romain », paru initialement en 1976 et réédité en Français en 2009.

Le blog anglophone Visions of Empire en livre une analyse non moins intéressante : Lessons from Byzantium: Survival Amid Weakness and Eternal War.
A partir de la lecture d’Edward Luttwak, il montre notamment que l’empire byzantin se distingue de l’empire romain par des ressources militaires comptées et une géographie désavantageuse. De fait, l’empire byzantin ne pouvait pas se permettre de mener des guerres décisives d’attrition comme le fit l’empire romain (stratégie de coût élevé mais avec des risques très faibles).
L’empire byzantin dut au contraire recourir à une stratégie de coût limité avec des risques plus élevés. Si cet empire avait mené des guerres d’attrition, il se serait rapidement épuisé et serait tombé dans l’oubli. Sa longévité prouve la pertinence de sa stratégie :
  • La diplomatie prime sur la force militaire (c’est l’inverse dans l’empire romain).
  • Les ennemis d’aujourd’hui sont vus comme les alliés de demain. Il ne faut donc pas trop amoindrir leurs forces.
  • Les Byzantins s’appuient sur la dissuasion et achètent la tranquillité de leurs voisins.
  • Leur force militaire repose sur une cavalerie apte à mener des raids sans détruire complètement l’ennemi. (L’armée romaine repose sur une infanterie d’attrition).
  • Le renseignement est capital : afin de connaître et d’exploiter les faiblesses de l’ennemi, mais surtout pour savoir quelle est le niveau des forces ennemies. Dans une logique de moyens restreints, le stratège byzantin ne peut risquer de livrer un combat de rencontre trop hasardeux.
  • Cette stratégie d’évitement ne permet pas de produire des résultats rapides (comme la destruction de l’ennemi). Le risque représenté par l’ennemi est géré à travers une stratégie de long terme qui vise à réduire graduellement ses sources de puissance.

Il s’agit, en fin de compte, de gérer et mitiger les risques, plutôt que de les éliminer définitivement, car, les Byzantins l’avaient bien compris, le risque zéro n’existe pas et tout stratégie outrancière comporte ses effets boomerang.

The genius of Byzantine grand strategy was to turn the very multiplicity of enemies to advantage, by employing diplomacy, deception, payoffs, and religious conversion to induce them to fight one another instead of fighting the empire. In the Byzantine scheme of things, military strength was subordinated to diplomacy instead of the other way around, and used mostly to contain, punish, or intimidate rather than to attack or defend in full force”. (The Grand Strategy of the Byzantine Empire p. 415)

Risques liés aux astéroïdes


En complément de mon précédent article ("GERER LES RISQUES D'ASTEROIDES PERCUTANT LA TERRE"), je vous invite à lire le récent article du Figaro : Gare aux astéroïdes «tueurs» !

On y apprend qu'Anatoli Perminov, le directeur de l'agence spatiale russe Roscosmos, a proposé d'associer la Nasa ainsi que les agences spatiales européenne (ESA), chinoise et celles d'autres pays pour envoyer des engins spatiaux vers les astéroïdes afin de dévier leurs trajectoires.

Le peu d'empressement de ces puissances à collaborer lors du sommet de Copenhague laisse cependant penser que cette coopération internationale dans la lutte contre les astéroïdes restera malheureusement du domaine de la science fiction...