Elle permettrait aussi de maintenir les efforts de Défense européens à un niveau de juste suffisance. Car, au-delà de toutes les autres justifications, l’intervention américaine en Haiti permet de justifier l’intérêt d’avoir un outil militaire gigantesque. Seule cette giga-puissance est capable de déployer autant de moyens et autant d’hommes aussi rapidement. Comme le note Alain Frachon dans Le Monde,
ET L’EUROPE ?
« Puissance économique, l'Europe reste un nain militaire. » (Alain Frachon)
L'Europe paye. Ainsi, l'UE devrait consacrer près de 450 millions d'euros à Haïti. Mais, sur le terrain, l’origine des fonds ne se voit pas. Ce qui se voit, ce sont les avions, le porte-avions, les soldats US. Ce qui se voit, c’est que l’Europe n’est pas capable de générer des moyens militaires rivalisant avec ceux des Etats-Unis.
Pourtant, comme le rappelle Alain Frachon, le budget militaire de l’UE équivaut à la moitié de celui des Etats-Unis. Or, notre gap logitique vis-à-vis de cette giga-puissance n’est pas un défaut de capacités de moitié inférieur, mais de l’ordre du dixième, voire plus…
En 2006, Michel Barnier proposait un projet d’une force européenne de protection civile baptisée « EuropAid », résultat d’une solide expérience de ces situations de crises :
- En tant que ministre de l’environnement et de la prévention des risques naturels
- En tant que commissaire européen lors des séismes en Turquie et en Grèce
- En tant que ministre français des Affaires étrangères lors du tsunami de 2004.
Pour faire face à une crise, il faut avoir su préparer la réponse en amont. Le rapport Barnier proposait donc :
- La création d’un centre opérationnel de veille et de réponse aux crises permanent
- La mise en commun de matériels et d’hommes prépositionnés regropupés dans une force européenne de sécurité civile dénommée « Europaid ».
UNE OPPORTUNITE EUROPEENNE
Le général Bentegeat, qui a présidé le comité militaire de l’UE pendant 3 ans, plaide pour la création d’un centre de commandement civilo-militaire à Bruxelles, qui regrouperait les deux volets de la politique de sécurité et de défense (PESD).
L’Europe, à la différence de l’OTAN, dispose d’expérience et de capacités pour gérer les crises sur tout leur spectre, depuis le militaire jusqu’au civil. Ces capacités sont reconnues et appréciées par la communauté internationale.
Créer une capacité permanente et robuste de réponse aux catastrophes humanitaires permettrait d’étendre les compétences et la puissance européennes.
Si le consensus est parfois difficile à trouver pour d’autres projets. Le peu d’enthousiasme des Européens à bâtir une force de protection civile européenne ne s’explique pas.
AVANT LES CASQUES ROUGES, UNISSONS LES EFFORTS EUROPEENS
Nicole Guedj plaide pour la création de « casques rouges » , qui seraient, pour l’humanitaire, l’équivalent de nos casques bleus. Avant d’en arriver à cette ultime étape, l’échelon européen paraît pertinent. En effet, cette réponse commune nécessite des procédures normalisées. Une telle coordination sera déjà difficile à 27. Mais certainement moins qu’à 192...
Voir aussi :
projet d’une force européenne de protection civile baptisée « EuropAid »
Sur le blog Bruxelles 2 :
Séisme à Haïti: y-a-t il un pilote dans l'avion européen ? (Par Nicolas Gros-Verheyde Mercredi 20 janvier 2010)
Une cellule de l'UE pour coordonner l'aide logistique à Haïti (Par Nicolas Gros-Verheyde - Vendredi 22 janvier 20105/20:05)
Vers une mission européenne de sécurisation à Haiti ? (Par Nicolas Gros-Verheyde - Jeudi 21 janvier 2010)
Egeablog : De la puissance humanitaire : une vocation européenne ?
« Défense en ligne » sur les Les blogs du Diplo : Un rêve d’Europ Aid, vendredi 15 janvier 2010, par Philippe Leymarie
Mon billet du samedi 16 janvier 2010 : Haiti : la communauté internationale était-elle préparée ?
Merci !
RépondreSupprimerPS ça justifie aussi le projet d'avion Airbus ! :-)