Le blog anglophone Visions of Empire en livre une analyse non moins intéressante : Lessons from Byzantium: Survival Amid Weakness and Eternal War.
A partir de la lecture d’Edward Luttwak, il montre notamment que l’empire byzantin se distingue de l’empire romain par des ressources militaires comptées et une géographie désavantageuse. De fait, l’empire byzantin ne pouvait pas se permettre de mener des guerres décisives d’attrition comme le fit l’empire romain (stratégie de coût élevé mais avec des risques très faibles).
L’empire byzantin dut au contraire recourir à une stratégie de coût limité avec des risques plus élevés. Si cet empire avait mené des guerres d’attrition, il se serait rapidement épuisé et serait tombé dans l’oubli. Sa longévité prouve la pertinence de sa stratégie :
- La diplomatie prime sur la force militaire (c’est l’inverse dans l’empire romain).
- Les ennemis d’aujourd’hui sont vus comme les alliés de demain. Il ne faut donc pas trop amoindrir leurs forces.
- Les Byzantins s’appuient sur la dissuasion et achètent la tranquillité de leurs voisins.
- Leur force militaire repose sur une cavalerie apte à mener des raids sans détruire complètement l’ennemi. (L’armée romaine repose sur une infanterie d’attrition).
- Le renseignement est capital : afin de connaître et d’exploiter les faiblesses de l’ennemi, mais surtout pour savoir quelle est le niveau des forces ennemies. Dans une logique de moyens restreints, le stratège byzantin ne peut risquer de livrer un combat de rencontre trop hasardeux.
- Cette stratégie d’évitement ne permet pas de produire des résultats rapides (comme la destruction de l’ennemi). Le risque représenté par l’ennemi est géré à travers une stratégie de long terme qui vise à réduire graduellement ses sources de puissance.
Il s’agit, en fin de compte, de gérer et mitiger les risques, plutôt que de les éliminer définitivement, car, les Byzantins l’avaient bien compris, le risque zéro n’existe pas et tout stratégie outrancière comporte ses effets boomerang.
“The genius of Byzantine grand strategy was to turn the very multiplicity of enemies to advantage, by employing diplomacy, deception, payoffs, and religious conversion to induce them to fight one another instead of fighting the empire. In the Byzantine scheme of things, military strength was subordinated to diplomacy instead of the other way around, and used mostly to contain, punish, or intimidate rather than to attack or defend in full force”. (The Grand Strategy of the Byzantine Empire p. 415)
Bonjour,
RépondreSupprimerEn attendant la traduction française de la Grande stratégie de l'empire byzantin de Luttwak, 80 pages de "Guerres et civilisations" de Gérard Chaliand reprennent les grands principes de la stratégie de cet empire.
Amicalement,
Yes !
RépondreSupprimerOn peut aussi aller voir : http://www.locusdanielis.eu/CAArmByz.html