L’article du Journal du Dimanche (« Le plan secret contre la grippe A », 30 Mai 2009) appelle plusieurs commentaires. Résumons d’abord son propos :
Pour faire face au retour du virus à l’automne, l’Etat se prépare à appliquer la vaccination obligatoire de tous les Français. 100 millions de doses seraient donc achetées. Pour un coût d’environ 1 milliard d’euros. L’Etat tire les enseignements de la grippe Espagnole de 1918 (« la grippe espagnole avait marqué le pas au printemps avant de revenir à l'automne, tuant 40 millions de personnes ») et surtout des « traumatismes laissés par plusieurs crises sanitaires successives, du sang contaminé à la canicule en passant par la vache folle, [qui] ont rendu les politiques d'une très grande prudence ».
Commentaires :
Pour l’instant, la grippe A aurait fait 100 morts, 15 000 malades. Ce qui, comparé aux 300 000 morts annuels dus à la grippe « normale », reste à relativiser (voir sur le site de l’OMS : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs211/fr/index.html ).
Si un tel « plan de bataille » se met en place, on risque de développer dans la population le sentiment que c’est à l’Etat de tout faire et que, puisque le vaccin existe il ne se passera rien.
Mais, si le virus mute encore en une forme rétive au vaccin, comment l’Etat l’expliquera-t-il ?
C’est exactement le même schéma qui se met en place que celui concernant les dispositifs d’indemnisations suite aux inondations : pourquoi le citoyen ferait acte de prudence puisque l’Etat sera toujours là ? (cf mon post : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/05/letat-face-la-gestion-des-risques.html ).
Au regard du droit, peut-on obliger tout le monde à se faire vacciner ?
Certains termes utilisés dans l’article sont caractéristiques des excès de triomphalisme générateurs de défaites lorsque la crise survient (ceci est parfaitement décrit par Patrick Lagadec, voir par exemple mon post sur Three Mile Island : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/03/laccident-de-three-mile-island.html). Ainsi peut-on lire : « plan de bataille ; pied de guerre ; nous serons prêts ; nous avons mis en place un groupe d'experts ; nous étions déjà les mieux préparés à une pandémie de grippe aviaire ; la France a une tradition centralisatrice qui facilite la mise en place d'un système de prévention efficace ».
Mais que se passera-t-il si la guerre ne se déroule pas selon le plan prévu ou si, comme le dirait Patrick Lagadec, « la crise passe par les Ardennes ».
D’autre part, l’Etat prévoit de communiquer pour préparer la vaccination automnale. Peut-on raisonnablement espérer que la population sera réceptive à ce sujet en plein été ?
En définitive, les débats sur la pandémie grippale sont caractéristiques de la Société du risque décrite par Ulrich Beck, notamment quant à la sensibilité exacerbée face aux risques. Prenons garde qu’une confiance excessive et un recours passif à l’Etat ne soit pas générateurs d’effets boomerang, quand la crise non prévue surviendra.
Cette préparation sérieuse face au retour de la grippe A a donc le mérite d’exister, mais l’éducation du citoyen, premier acteur de la crise, doit demeurer le principal objectif avant même d’avoir les meilleurs experts en la matière.
L’article du JDD : http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200922/le-plan-secret-contre-la-grippe-a_213201.html
Pour faire face au retour du virus à l’automne, l’Etat se prépare à appliquer la vaccination obligatoire de tous les Français. 100 millions de doses seraient donc achetées. Pour un coût d’environ 1 milliard d’euros. L’Etat tire les enseignements de la grippe Espagnole de 1918 (« la grippe espagnole avait marqué le pas au printemps avant de revenir à l'automne, tuant 40 millions de personnes ») et surtout des « traumatismes laissés par plusieurs crises sanitaires successives, du sang contaminé à la canicule en passant par la vache folle, [qui] ont rendu les politiques d'une très grande prudence ».
Commentaires :
Pour l’instant, la grippe A aurait fait 100 morts, 15 000 malades. Ce qui, comparé aux 300 000 morts annuels dus à la grippe « normale », reste à relativiser (voir sur le site de l’OMS : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs211/fr/index.html ).
Si un tel « plan de bataille » se met en place, on risque de développer dans la population le sentiment que c’est à l’Etat de tout faire et que, puisque le vaccin existe il ne se passera rien.
Mais, si le virus mute encore en une forme rétive au vaccin, comment l’Etat l’expliquera-t-il ?
C’est exactement le même schéma qui se met en place que celui concernant les dispositifs d’indemnisations suite aux inondations : pourquoi le citoyen ferait acte de prudence puisque l’Etat sera toujours là ? (cf mon post : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/05/letat-face-la-gestion-des-risques.html ).
Au regard du droit, peut-on obliger tout le monde à se faire vacciner ?
Certains termes utilisés dans l’article sont caractéristiques des excès de triomphalisme générateurs de défaites lorsque la crise survient (ceci est parfaitement décrit par Patrick Lagadec, voir par exemple mon post sur Three Mile Island : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/03/laccident-de-three-mile-island.html). Ainsi peut-on lire : « plan de bataille ; pied de guerre ; nous serons prêts ; nous avons mis en place un groupe d'experts ; nous étions déjà les mieux préparés à une pandémie de grippe aviaire ; la France a une tradition centralisatrice qui facilite la mise en place d'un système de prévention efficace ».
Mais que se passera-t-il si la guerre ne se déroule pas selon le plan prévu ou si, comme le dirait Patrick Lagadec, « la crise passe par les Ardennes ».
D’autre part, l’Etat prévoit de communiquer pour préparer la vaccination automnale. Peut-on raisonnablement espérer que la population sera réceptive à ce sujet en plein été ?
En définitive, les débats sur la pandémie grippale sont caractéristiques de la Société du risque décrite par Ulrich Beck, notamment quant à la sensibilité exacerbée face aux risques. Prenons garde qu’une confiance excessive et un recours passif à l’Etat ne soit pas générateurs d’effets boomerang, quand la crise non prévue surviendra.
Cette préparation sérieuse face au retour de la grippe A a donc le mérite d’exister, mais l’éducation du citoyen, premier acteur de la crise, doit demeurer le principal objectif avant même d’avoir les meilleurs experts en la matière.
L’article du JDD : http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200922/le-plan-secret-contre-la-grippe-a_213201.html
Voir aussi : http://virusgrippeaviaire.blogspot.com/
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