mardi 22 juin 2010

Pourquoi les pouvoirs publics sont-ils si malhabiles dans la gestion des risques ?

A lire sur le site du Sénat : "COMPTES RENDUS DE LA MISSION COMMUNE D'INFORMATION SUR LES CONSEQUENCES DE LA TEMPETE XYNTHIA", qui , le mercredi 16 juin procédait à l'Audition de M. François Ewald, professeur titulaire de la chaire d'assurances au conservatoire national des arts et métiers, directeur de l'école nationale des assurances :
Pourquoi les pouvoirs publics sont-ils si malhabiles dans la gestion des risques ?

"M. François Ewald. - Nous nous gargarisons du principe de précaution, instrument à la fois sommaire et efficace de la gestion des risques, mais n'avons guère la culture de la préparation, très développée aux États-Unis.
En 1982, la réalité des catastrophes naturelles était mal connue. L'assurance était aussi celle des élus, qui jusqu'alors devaient aller quémander des secours à Paris en cas de calamité ! Avec la loi de 1982, le risque a été transféré aux assureurs. Aujourd'hui, l'information est pléthorique : les entreprises s'adressent à des agences spécialisées dans l'information sur les catastrophes naturelles. Pourquoi l'administration n'a-t-elle pas disposé de ces services ? Il est vrai que ce sont des informations sensibles, confidentielles. De même, la loi Kouchner de 2002 excluait certaines informations médicales du commerce social ou économique. Mais l'administration gère sommairement des situations qui pourraient l'être plus finement - sachant qu'une information différenciée sur chaque parcelle de terrain est plus délicate à gérer, là où le principe de précaution réduit les marges d'erreur ! Choisir la conduite adaptée, c'est sortir du tout ou rien... "

mercredi 16 juin 2010

"Xynthia : le risque a été minoré"

En complément de mon article précédent (Tempête Xynthia : "DE GRAVES DÉFAILLANCES DANS L'ANTICIPATION DU RISQUE" ) le Figaro d'aujourd'hui livre quelques éléments du rapport de la mission d'inspection interministérielle mise en place par Nicolas Sarkozy.
Selon ce rapport repris par le Figaro, il faut :
  • "Renforcer la culture du risque

Les inspecteurs recommandent la mise en place, dans les zones les plus exposées au danger, d'exercices d'évacuation incluant les populations, de campagnes de communication et d'affiches permanentes. La mission regrette surtout l'absence de plans communaux de sauvegarde, simples et opérationnels, permettant d'organiser les secours en amont. Les préfets devraient à l'avenir encourager leur élaboration."

  • Par ailleurs, le rapport relève "une politique de prévention «peu satisfaisante»

Si la France est dotée «d'un corpus doctrinal élaboré et globalement approprié», la mise en œuvre des règles et principes au plan local révèle de «sérieuses carences». Entre autres, des plans de prévention des risques littoraux peu nombreux, des documents locaux d'urbanisme souvent anciens et dépassés. Exemple en Vendée : sur trente communes visitées, seules dix disposent d'un plan local d'urbanisme approuvé. Une situation qualifiée de «manifestement anormale» par la mission, qui suggère de renforcer la capacité de l'État à exercer un contrôle de légalité en matière d'urbanisme."

  • Enfin, le risque aurait été "minoré" :

"La définition de l'aléa inondation qui sert aujourd'hui de référence n'a pas évolué depuis 1990. Négligeant la mémoire historique des événements extrêmes observés sur le littoral, «ce risque est à l'évidence minoré», souligne la mission, qui précise : le phénomène Xynthia serait «rare mais pas exceptionnel». Les inspecteurs recommandent donc de revoir, à cette aune, tous les atlas des zones inondables sur le littoral atlantique, ainsi que les plans de prévention."

mardi 15 juin 2010

H1N1 : Pandémie grippale et ressenti des entreprises - un RETEX du HCFDC

Alors que l'on attend les résultats des débats du lundi 14 juin 2010 ("gestion des pandémies : H1N1, et si c’était à refaire ?"), il est utile de lire le RETEX ("Position Paper") établi par le HCFDC (Haut Comité Français pour la Défense Civile) sur "la gestion de la crise de la pandémie grippale dans les entreprises et le rapport de ces dernières avec l’Etat".
.
On y apprend que les entreprises ont su être réactives, qu'elles ont profité de l'événement pour tester leurs plans de continuité d'activité (PCA), de les actualiser et surtout d'en mesurer l'utilité.
Toutefois, les entreprises ont un "sentiment mitigé" sur la gestion étatique de la pandémie et reprochent notamment à l'Etat un déficit de "lisibilité" et de "communication" : extraits :
.
"Face à un dispositif ressenti comme mal adapté et souvent mal compris, tant dans la population, que dans les directions d’entreprises, la gestion de cette crise a généré des incompréhensions et interrogations face à une communication stratégique déficiente de l’Etat et au « non-dit » sur certaines mesures évoquées dans les plans (absence de visibilité et de critères sur les prises ou non prises de décisions).

"les contributeurs à ce rapport pensent que la faiblesse de la communication stratégique et de la planification avec la société civile sont les raisons majeures des difficultés rencontrées dans la gestion de cette crise « larvée », pourtant très fortement préparée par l’Etat."

dimanche 13 juin 2010

gestion de la pandémie H1N1 : et si c’était à refaire ?

Demain, Lundi 14 juin 2010, une "AUDITION PUBLIQUE OUVERTE À LA PRESSE" aura lieu à l'assemblée nationale sur le thème : "gestion des pandémies : H1N1, et si c’était à refaire ?"
Interviendront notamment :
  • M. François Heisbourg, conseiller spécial pour la fondation pour la recherche stratégique
  • M. Patrick Lagadec, directeur de recherche à l’Ecole Polytechnique, spécialiste du pilotage des crises hors cadre
  • M. Emmanuel Hirsch, professeur à l’Université Paris-Sud XI

Cette journée permettra de répondre qux questions suivantes :

  • Comment s’assurer de la fiabilité des informations disponibles ?
  • Comment croiser ces informations avec les plans pré-établis ?
  • Comment associer les citoyens aux décisions ?
  • Comment organiser l’action publique ?

Organisée par Jean-Pierre Door, député et Mme Marie-Christine Blandin, sénatrice, co-rapporteurs de l’étude de l’OPECST (OFFICE PARLEMENTAIRE D’ ÉVALUATION
DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES) sur la mutation des virus et la gestion des pandémies cette journée "propose sous le thème « Et si c’était à refaire? » une réflexion sur la manière dont une telle crise sociétale pourrait être prévenue et gérée différemment en tenant compte des retours d’expérience et des variables entre degré de gravité estimé et constaté. La restauration de la confiance en l’expertise par des garanties d’indépendance fait partie du débat."

Le programme est disponible sur le site de l'assemblée nationale

rappel de mes billets précédents traitant de ces retours d'expérience sur la grippe A H1N1 :
RETOUR SUR LA GRIPPE A H1N1 : le "diktat" du principe de précaution

RETOUR SUR LA GRIPPE A H1N1 : audition de Roselyne Bachelot cet après-midi
RETEX GRIPPE A H1N1 : Réflexion historique sur l’échec vaccinal de 2009RETEX GRIPPE A H1N1 : "un échec ou un non-succès, sur les raisons duquel il convient de s’interroger"
RETEX GRIPPE A H1N1 : un "échec à méditer"
RETEX GRIPPE A H1N1 : audition de la ministre et des laboratoires par le Sénat
RETEX GRIPPE A H1N1 : commission d'enquête parlementaire et OMS
commission d’enquête parlementaire sur la grippe A H1N1
RETEX sur la grippe A H1N1 : première contribution de Patrick LAGADEC
Grippe A H1N1 et Principe de précaution
Retour sur la grippe A H1N1 : sur-réaction ou sagesse mal comprise ?

samedi 12 juin 2010

Tempête Xynthia : "DE GRAVES DÉFAILLANCES DANS L'ANTICIPATION DU RISQUE"

La mission d'information du Sénat sur les conséquences de la tempête Xynthia vient de remettre son rapport d'étape. Ce dernier pointe notamment de "graves défaillances dans l'anticipation du risque".
.
Les leçons de cette tempête devrait permettre d'améliorer la gestion des risques en France.
.
Lors de la séance parlementaire du 12 mai 2010, un déficit de culture du risque en France avait notamment été pointé du doigt. Lors de son audition par le Sénat, M. Yannick Chenevard, président de la Fédération nationale de protection civile, avait "insisté sur le manque de culture du risque. Si des dépenses substantielles sont engagées en vue de protéger les infrastructures, et si l'arsenal juridique et les moyens techniques sont suffisants, la formation des citoyens est, elle, en revanche très insuffisante."
Il "y a vu la principale problématique en matière de prévention. Il a rappelé que la loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004 faisait du citoyen le premier de ses acteurs, préconisant de rendre obligatoire pour chaque étudiant, entre la classe de seconde et celle de terminale, de choisir une association de sécurité civile pour s'y former et obtenir ainsi un pré-requis qui lui serait demandé lors des journées d'appel et de préparation à la défense."
.

Parmi les premières pistes d'amélioration de la gestion du risque en France, le rapport d'étape prône :

  • une "approche globale et intégrée"
  • la mise en place d'une "véritable gouvernance du risque"
  • "le partage d'expériences devant des évènements qui par définition ne se réduisent pas à un cadre franco-français"
  • "la nécessité de développer une meilleure culture d'un risque menacé d'oubli par son caractère centennal mais qui pourrait s'intensifier du fait de l'élévation du niveau des mers"
Enfin, ce rapport n'hésite pas à souligner "DE GRAVES DÉFAILLANCES DANS L'ANTICIPATION DU RISQUE :
.
Tout en constatant le caractère exceptionnel du phénomène météorologique et en se félicitant de cette mobilisation massive et efficace qui a suivi la tempête, votre mission observe que ses conséquences ont été aggravées par une série de défaillances dans l'anticipation du risque.
Elle a identifié ces défaillances dans cinq domaines qui concernent toute la chaîne de gestion du risque :
- une prévision qui n'a pas permis d'anticiper correctement les risques à terre ;
- une vigilance insuffisamment opérationnelle ;
- une prévention incomplète du risque de submersion marine ;
- une occupation des sols exposant au risque d'inondation ;
- un entretien très inégal des digues."
Bonne lecture ! Au plaisir de partager sur vos commentaires !

marée noire en Louisiane : le syndrome Katrina...

Dans le dernier éditorial de Libération, Fabrice Rousselot revient sur la gestion de la marée noire par l'administration américaine.
Cette gestion est typique de notre époque : recherche de responsables, manque de solidarités et de convergences des énergies face à la crise.
Ainsi, en se contentant de stigmatiser la responsabilité de BP et en lui demandant de régler seul le problème, l'administration américaine a choisi une stratégie qui se révèle désormais contre-productive : BP n'a pas été capable de trouver une solution satisfaisante. Mais ce n'est pas BP qui porte seule le poids de cet échec. L'administration américaine est désormais associée à cette incapacité à résoudre la "plus grande catastrophe écologique de l’histoire américaine".
Fabrice Rousselot conclut : "Renvoyant l’image d’un Etat fédéral qui ne met pas assez les mains dans le pétrole, Obama est face à un constat d’échec."
Voir également :

vendredi 11 juin 2010

La question des PLANS : Nécessités tactiques, risques stratégiques


Texte de Patrick Lagadec récemment paru dans la revue Préventique sécurité (Mars-avril 2010).
"Un plan est le fruit d'une prévision. La qualité de cette dernière est donc déterminante pour la pertinence d'un plan. Mais le plan le plus pertinent ne peut jamais cadrer parfaitement la réalité des situations qu'il a mission de maîtriser. Cette observation de portée générale a une signification particulière quand le plan a mission d'être, selon la formule de Patrick Lagadec, un "antidote à la turbulence". L'oublier est un piège qu'il faut éviter."

"le plan peut se transformer en piège si la structuration de la réponse conduit à imposer l'arrêt du questionnement."
Dans cet article, Patrick Lagadec livre :
  • les forces du plan : protection, cohérence, ancrage, précision, efficacité et créativité
  • les pièges du plan : 1- le plan papier / 2- les réponses codifiées / 3- les hypothèses erronées / 4- la négation de l'imprévu / 5- l'oubli du stratégique

Bonne lecture !

jeudi 10 juin 2010

Revue KRISIS : 2 numéros consacrés au phénomène guerre



Repris de http://www.theatrum-belli.com/ : Revue KRISIS : 2 numéros consacrés au phénomène guerre

Au sommaire du N°33 de Krisis :
La Guerre (1)• Jean Haudry / La guerre dans le monde indo-européen préhistorique. • Alain de Benoist / Le héros et les « péchés du guerrier ». • Jean-François Gautier / « Polemos » ou de la nature des choses. • Alain de Benoist / Violence sacrée, guerre et monothéisme. • Yann le Bohec / L’effondrement militaire de l’empire romain. • Document – Ludwig Gumplowicz / La guerre relève de la « lutte universelle » (1883). • Document – Gaston Bouthoul / La guerre ne relève pas de la « lutte universelle » (1951). • Jean-Jacques Langendorf / Les apologistes de la guerre. • Julien Freund / Aperçus sociologiques sur le conflit. • Gabrielle Slomp / Cinq arguments de Carl Schmitt contre l’idée de « guerre juste ». • Stefano Pietropaoli / Définir le Mal. Guerre d’agression et droit international. • Philippe Forget / Liens de lutte et réseaux de guerre. • Bruno Drweski / La guerre de classe a-t-elle disparu ? • Costanzo Preve / La lutte des classes : une guerre des classes ? • Francis Cousin / Contre les guerres de l’avoir : la guerre de l’Etre. • Le texte – Carl von Clausewitz : Grandeurs morales et vertu militaire.
Au sommaire du N°34 de Krisis :
La Guerre (2)• Hervé Coutau-Bégarie / A quoi sert la guerre ? • Bruno Colson / Les historiens et la guerre. • Massimiliano Guareschi et Maurizio Guerri / La métamorphose du guerrier. • Laurent Henninger / Révolution militaire et naissance de la modernité. • Alexandre Franco de Sá / De la guerre des Etats à la guerre des étoiles. • Jure Vujic / Vers une nouvelle « epistémè » des guerres contemporaines. • Entretien avec Martin van Creveld / « Seuls les morts connaissent la fin de la guerre ». • Jean-Jacques Langendorf / Le laboratoire militaire prussien (1814-1914). • André Bach / Etats-Majors allemands et français de la Grande Guerre : de grandes différences culturelles. • Jean-François Gautier / Qu’est-ce qu’un officier ? • Entretien avec Christian Malis / Raymond Aron et le débat stratégique français. • Michel Goya / Dévolution dans les affaires militaires. • Alain de Benoist / Le retour de la France dans l’OTAN. Une analyse sur le vif (2009). • Entretien avec Yves-Marie Laulan / Le retour de la France dans l’OTAN. Une mise en perspective. • Georges-Henri Bricet des Vallons / Privatisation et mercenarisation de la guerre. La révolution de la « génétique » des forces armées américaines. • Jean-Claude Paye / Un épisode la « guerre contre le terrorisme » : les échanges financiers sous surveillance impériale. • Jacques Marlaud / De l’expérience intérieure au robot de guerre. Survol de l’Occident militaire. • Yves Branca / La quatrième guerre mondiale selon Costanzo Preve. • Le texte – Johann Friedrich Constantin von Lossau : Que l’histoire est nécessaire à la profession des armes.