vendredi 5 février 2010

RETEX d’une opération d’assistance au développement : l’échec de l’ingénieur américain ROBERTS en Iran en 1953


Il faut absolument découvrir le blog Gestion des Risques Interculturels, je ne peux que vous recommander de lire son dernier billet : La faillite de Roberts: un cas d’école.

C’est l’occasion d’apprendre ou de redécouvrir :
  • Le « Point IV » : Programme d’aide au développement lancé par le président Truman, lors de son discours d’investiture (2ème mandat), le 20 janvier 1949. Le quatrième point de ce discours concernait le développement des régions sous-développées du monde. Ce discours marque à la fois l’émergence d’une conscience de la pauvreté dans le monde et la revendication d’un devoir moral de prise en charge dans une version moderne de la « mission civilisatrice »
  • L’usage du monde : récit de voyage de Nicolas Bouvier publié en 1963 et racontant son périple en 1953 depuis la Yougoslavie jusqu’à l’Afghanistan.

C’est surtout l’occasion de comprendre ce qui peut faire échouer notre interventionnisme dans d’autres régions du monde. Ces leçons sont à méditer dans le cadre des interventions menées en Irak et Afghanistan...

Je cite ici des extraits du billet rédigé par blog Gestion des Risques Interculturels : La faillite de Roberts: un cas d’école.

« Roberts, un Texan, ingénieur conseil du « Point IV » (organisme américain d’assistance technique) est chargé de la construction d’écoles dans les villages autour de Tabriz. Il arrive avec enthousiasme et idéalisme en Iran pour accomplir cette mission.

Son échec représente d’un côté la naïveté et de l’autre arrogance, dans son désir d’imposer aux autres ses valeurs et son point de vue.
Pourquoi le projet de construction de l’école a-t-il échoué ?
Première raison : ce n’était pas une priorité pour les Iraniens
: la population locale sera peu enthousiaste d’accueillir une école si elle a l’estomac vide, si les maladies sévissent, s’il n’y a pas de justice. Ce soudain afflux de matériaux alors qu’eux-mêmes manquent de tout pour leur propre maison est une tentation à laquelle ils ne résistent pas car la protection de la famille prime sur tout.
Deuxième raison : le civisme n’est pas une valeur commune : le Point IV offre gratuitement les matériaux, plans et conseils. Dans l’idée des Américains, les Iraniens fourniraient la main d’œuvre et l’école serait rapidement sur pied. Or, note Nicolas Bouvier, « voilà un système qui fonctionnerait à merveille dans une commune finnoise ou japonaise ». C’est-à-dire dans un contexte où le civisme est une valeur ancestrale, ce qui n’est pas le cas des Iraniens.
Troisième raison : la notion de cadeau désintéressé est suspecte : le don en matériel est perçu comme un acte de charité par les Américains. Mais ils ne se sont pas posés la question de savoir comme il était perçu par les villageois. Selon leur matrice culturelle, le don suppose une contrepartie. Dans le cas présent, le don est le fait d’étrangers absolus. Il entraîne donc une forte inquiétude chez les villageois. Au lieu de les rassurer, il provoque une immense incertitude : quel est donc le but caché de ces étrangers ?
Quatrième raison : le projet de l’école entre en conflit avec le pouvoir du mollah : jusque-là, le privilège de l’instruction appartenait au mollah local. C’est lui qui sait lire et écrire. Il est très écouté, très respecté, et voit évidemment d’un mauvais œil le projet d’école.

Bonne lecture, bon surf !

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