La disparition de Laurent MURAWIEC, la semaine dernière, est passée largement inaperçue dans la blogosphère stratégique.
Parmi les grands médias, seule RFI y a consacré un article.
Cette disparition éclairait pourtant d'une manière singulière la création de l'IRSEM.
Laurent MURAWIEC écrivait ainsi dans son livre la Guerre au XXIeme siècle dans un sous-chapitre intitulé "le débat stratégique en France" :
"Il est de toute façon nécessaire et urgent de soumettre à nouveau la défense à l'air frais du débat public. La défense en France n'est pas dans le domaine public. Mesurons-le à l'aune de la fréquence et de la taille des articles consacrés aux affaires de défense dans les quotidiens, les hebdomadaires et à la télévision. La vieille inimitié entre une intelligentsia marquée par l'antimilitarisme et l'armée en tant qu'institution vivement anti-intellectualiste, une grande Muette retirée sur son Aventin, boudant une société civile qui ne lui a pas témoigné trop d'égards, l'extinction du débat militaire public et doctrinal après 1958 en sont des causes sérieuses. L'ignorance pure et simple en est une autre : trop de décideurs n'ont pas fait le service national. Mais l'ignorance est due avant tout à l'absence d'un débat public large et continu. Non qu'il faille "communiquer", c'est-à-dire envoyer des paquets de pseudo-information calibrés en spots publicitaires pour l'édification de la populace. Ce n'est pas affaires de relations publiques. Pour réinsuffler les affaires de défense dans le domaine public, il faut créer un nouveau partenariat engageant un grand nombre d'intervenants. Il faut que le cadre institutionnel s'ouvre et se renforce. Les études militaires, les études stratégiques, les études de défense en général, sont en France enfermées dans un ghetto. Les instituts et organismes qui en ont la charge sont cachés et protégés du public par de hauts murs..."
Certes, la personnalité controversée de Laurent MURAWIEC, devenu un des néoconservateurs américains les plus radicaux, peut expliquer cette faible reconnaissance médiatique lors de sa disparition.
Cependant, c'est tout de même l'auteur d'une traduction de Clausewitz (De le Guerre) qui fait date. De nombreux points de son ouvrage la Guerre au XXIeme siècle demeurent pertinents. C'est enfin un des rares stratégistes à avoir eu la parole dans la revue Commentaires (numéros 83 et 85) pour ses articles sur : "La révolution dans les affaires militaires" et "Clausewitz et la pensée de l'incertain"
Sans vouloir porter de jugement, je trouve cependant désolant que de nombreux utilisateurs de sa traduction de Clausewitz ne lui est pas rendu l'hommage mérité.
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