Dans son article Mars ou Athena - Réflexions autour du livre Pandémie grippale - L’ordre de mobilisation, Patrick LAGADEC critique la part de gestion militaire (Mars) de la crise qui prend trop le pas sur la gestion citoyenne (Athena).
Cet article, paru le 5 septembre 2009 sur le site Espace éthique, est passé largement inaperçu mais pose cependant avec pertinence les enjeux de cette pandémie : certes la mobilisation de type militaire des moyens de l'Etat a été correctement engagée. Pour autant, la mobilisation citoyenne ne s'est pas faite parce que les citoyens n'ont pas été considérés comme acteurs de la réaction mais comme population à défendre. Une réflexion approfondie devra donc être conduite lorsque le temps du retour d'expérience viendra pour savoir comment, à l'avenir, mieux associer les citoyens à la défense de la cité, de leur cité.
EXTRAITS :
"Traditionnellement, dès qu’il est question de situation de désastre, les instances de décision plaident la nécessité de venir prendre en charge « nos populations » (pensées comme incapables de toute réaction), de remettre des cadres (supposés totalement anéantis), de contenir “panique” et désordres (tenus pour quasi inévitables et automatiques), de protéger l’ordre public (gravement menacé). Certes, l’accent est mis depuis deux ou trois décennies sur la nécessité de « communiquer » (beaucoup) et de consulter (un peu), mais si le niveau de gravité s’élève, les principes cardinaux sont rapidement de retour – « la force doit prévaloir sur le droit ». Athena est peut-être fort sympathique, mais elle doit laisser la place à Mars dès que l’on passe aux choses sérieuses.
Certes, il faut préparer des plans, des logiques d’intervention, des moyens, mais ne jamais penser que tout cela pourra se penser et se faire depuis des bureaux, des Q.G., à l’abri de leurs règles et de leurs secrets. A détruire la cohésion on ne génère que de l’incohérence. Certes, il faut faire montre d’autorité, mais c’est d’abord pour éviter que les conceptions traditionnelles de « perte de contrôle » et de « désordre », largement dramatisées par le discours médiatique automatique, ne conduisent à des inquiétudes extrêmes, à la mise en cause des responsables pour non assistance à populations en danger. Dans cette ligne, la première urgence est de faire comprendre qu’il est urgent de mobiliser totalement Athena, non de la mettre sous tutelle avant de la mettre aux fers si la mise au pas ne suffit pas.
Mars règle à l’avance les réponses, pour épargner à la Cité la difficulté des questions et des choix. Athéna convoque le citoyen pour lui faire connaître qu’il a devant lui des questions à ouvrir, à penser, à débattre, et à traiter : cette démarche qu’il lui faut engager est précisément ce qui donne sens et consistance à la Cité. Comme le dit Emmanuel Hirsch en introduction à l’ouvrage, la première urgence est bien une « urgence politique »
Certes, il faut préparer des plans, des logiques d’intervention, des moyens, mais ne jamais penser que tout cela pourra se penser et se faire depuis des bureaux, des Q.G., à l’abri de leurs règles et de leurs secrets. A détruire la cohésion on ne génère que de l’incohérence. Certes, il faut faire montre d’autorité, mais c’est d’abord pour éviter que les conceptions traditionnelles de « perte de contrôle » et de « désordre », largement dramatisées par le discours médiatique automatique, ne conduisent à des inquiétudes extrêmes, à la mise en cause des responsables pour non assistance à populations en danger. Dans cette ligne, la première urgence est de faire comprendre qu’il est urgent de mobiliser totalement Athena, non de la mettre sous tutelle avant de la mettre aux fers si la mise au pas ne suffit pas.
Mars règle à l’avance les réponses, pour épargner à la Cité la difficulté des questions et des choix. Athéna convoque le citoyen pour lui faire connaître qu’il a devant lui des questions à ouvrir, à penser, à débattre, et à traiter : cette démarche qu’il lui faut engager est précisément ce qui donne sens et consistance à la Cité. Comme le dit Emmanuel Hirsch en introduction à l’ouvrage, la première urgence est bien une « urgence politique »