samedi 29 janvier 2011

La résilience du soldat américain
















Il faut lire de tout urgence l'excellent article de Philippe Leymarie :
Le « fitness spirituel » de l’armée américaine sur le blog Défense en ligne ( jeudi 27 janvier 2011).




"l’homme est l’instrument premier du combat"

On y apprend que l'armée américaine a développé un programme de « réarmement moral » de ses soldats.
En renforçant 5 domaines constitutifs du combattants l'armée US compte le rendre plus résilient et ainsi limiter les effets de stress post-traumatiques liés aux engagements en Irak et en Afghanistan.

Les 5 domaines de ce blindage moral sont :
- le physique (physical) à base d'endurance, musculation, entraînement intensif et alimentation saine (Performing and excelling in physical activities that require aerobic fitness, endurance, strength, healthy body composition and flexibility derived through exercise, nutrition and training.) ;
- le moral ou force morale (emotional) : exercices développant la confiance en soi et permettant de positiver face à n'importe quel événement (Approaching life’s challenges in a positive, optimistic way by demonstrating self-control, stamina and good character with your choices and actions.) ;
- le social : un réseau d'amis partageant les mêmes idéaux, qui renforcent cette confiance en soi, en sa valeur en ses principes (Developing and maintaining trusted, valued relationships and friendships that are personally fulfilling and foster good communication including a comfortable exchange of ideas, views, and experiences.) ;
- le spirituel : développer une croyance qui renforce les valeurs acquises par la famille, les réseaux sociaux et la force morale (Strengthening a set of beliefs, principles or values that sustain a person beyond family, institutional, and societal sources of strength.) ;
- la famille : environnement sain, sécurisant et aimant (Being part of a family unit that is safe, supportive and loving, and provides the resources needed for all members to live in a healthy and secure environment.).
.
.
Au-delà des critiques, que cette vision traditionaliste mise en place par des technocrates issus de l'administration Bush ne peut manquer de susciter, ce renforcement moral du combattant américain ne peut pas laisser indifférent si l'on s'intéresse aux thèmes de la résilience et des risques humains :
.
- la technologie ne fait pas tout et les meilleurs blindages mis en place sur le véhicules ne couvriront pas la fragilité des hommes ;
- la guerre est un phénomène psychologique destructeur et nécessite que la communauté des combattants soit la plus soudée possible pour y faire face (résilience) ;
- l'humain reste le phénomène le plus important pour gagner des batailles (l'armée américaine l'avait peut-être oublié en misant exclusivement sur la technologie) ;
- la résilience d'un groupe n'est pas un phénomène automatique mais se construit patiemment (voir mon billet sur les HRO : HRO : High Reliability Organizations : haute fiabilité organisationnelle );
- par delà les dérives (incontournables avec la manière excessive dont les Américains savent s'attaque aux problèmes pour les régler), cette méthode peut inspirer la manière de recréer au sein d'une nation de la résilience, de la confiance et une identité nationale renforcée en chassant la spirale de l'anxiété par celle du positivisme en des valeurs communes, partagées et reconnues (voir mes billets sur ce sujet, notamment : Résilience, débat sur l'identité nationale et livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et Débat sur l'identité nationale : quelle utilité ? )
.
- il est donc finalement étonnant (mais la vision française est biaisée) que ce programme n'insiste pas également sur la nécessaire reconnaisance de la Nation dans le bien-fondé de la mission militaire. Cet aspect (moins prégnant aux Etats-Unis, où la Nation soutient ses Boys, qu'en France où l'indifférence domine) est essentiel pour que le soldat se sente compris et soutenu. Si les limites à cette compréhension sont celles du microcosme qu'on lui demande de se créer autour de lui (famille, réseau social), il restera vulnérable lorsqu'il s'apercevra que le reste de la Nation demeure soit indifférent, soit hostile à son engagement.
Ce ne sont que quelques pistes de réflexions. Une fois encore, il importe de rester prudent face à ce programme qui comporte certains excès. Ce qui reste rassurant, c'est le retour à l'humain, après les excès du tout technologique.


POUR ALLER PLUS LOIN :
CITATIONS
"Les facteurs moraux représentent l'un des aspects les plus importants de la guerre. [...]
c'est une bien pauvre philosophie qui édicte règles et principes à l'exclusion des forces morales [...]
Toute règle se rapportant aux forces physiques devrait intégrer le rôle qu'y jouent les facteurs moraux [...]
Les forces physiques sont la hampe de bois, les forces morales le métal noble" (Clausewitz, De la guerre, traduction de Laurent Murawiec, Livre III, chap III : Les facteurs moraux).
.
"l’homme est l’instrument premier du combat ; il ne peut être rien de sagement ordonné dans une armée, constitution, organisation, discipline, tactique, toutes choses qui se tiennent comme les doigts d’une main, sans la connaissance exacte de l’instrument premier, de l’homme, et de son état moral en cet instant définitif du combat»
(colonel Ardant du Picq, Études sur le combat, 1868.)

« tout ce qui se fait dans une armée doit avoir pour but d’accroître et de fortifier sa force morale » Maréchal FOCH

dimanche 23 janvier 2011

Exercice d'évacuation à la centrale : les habitants n'ont pas joué le jeu !

J'ai abordé à plusieurs reprises le fait que le citoyen est le premier acteur face aux risques.
En l'absence de culture de préparation citoyenne de réaction face aux risques, même les plans les plus aboutis, même l'organisation étatique la plus robuste n'empêcheront pas la panique, les mauvaises réactions et donc la transformation de l'événement en crise puis en échec.
Notre pays est singulièrement vulnérable sur ce point.
L'article de La Voix du Nord du mercredi 19.01.2011 dans lequel on apprend que les habitants ont refusé de s'impliquer dans l'exercice de sécurité civile est emblématique de cette situation :
"1750 foyers auraient dû participer à l'exercice d'évacuation autour de la centrale nucléaire de Gravelines. Finalement, peu ont joué le jeu. "