L'événement généré par les poussières du volcan Eyjafjöll fait revenir le principe de précaution sur le devant de la scène. Fallait-il interdire aux avions de décoller ?
Au-delà des polémiques, il s'agit à travers trois événements récents (le volcan islandais, la tempête Xynthia, la grippe A H1N1) de discerner une tendance profonde de notre société : nous n'acceptons plus la fatalité. Dans nos modes de vie dominés par l'immédiateté, la vitesse et la satisfaction automatisée de nos besoins, la moindre défaillance d'un service devient intolérable. Au lieu de prendre les événements avec philosophie et de se rappeler que l'homme, malgré tout le savoir scientifique, ne pourra jamais supprimer totalement les risques qui l'entourent, l'opinion publique cherche des responsables, critique les excès du principe de précaution ; mais lorsque la catastrophe survient critique également le manque de prudence des décideurs.
Dans cette cacophonie, il est dommage que ni les philosophes ni l'éducation ne se fassent les porte-parole de la lenteur et du relativisme par rapport à ces événements.
Il est également dommage de constater un manque de solidarité flagrant lorsque la catastrophe survient. Dans le cas du volcan, les hôtels voisins des aéroports ont augmenté considérablement leurs tarifs, tirant parti de la faiblesse des voyageurs cloués au sol.
Il faut désormais que les notions de principe de précaution et de résilience ne soient pas seulement des mots à la mode mais des notions comprises et expliquées.
Dans ce cadre, et pour enrichir le débat, je vous conseille d'écouter une récente émission de Radio Notre-Dame : Principe de précaution, est-il prudent d’être prudent ? (21 avr. 2010). Cette émission regroupe
- Bernard Gérard, directeur adjoint Conservatoire du Littoral
- Michel Boyancé, directeur et doyen de l'IPC (Institut de Philosophie Comparée), professeur en éthique et politique
- Xavier Guilhou, spécialiste de la prévention des risques, président de XAG Conseil (Prévention des risques, Gestion des crises, Intelligence stratégique)
Elle vous permettra d'acquérir certaines des grilles de lecture pour décrypter la gestion des risques actuels.
L'émission revient par exemple sur l'"erreur pédagogique" de qualifier, suite à Xynthia, certaines parcelles de "zones noires" ... et sur les difficultés pour certains décideurs à gérer les risques.
VOIR AUSSI :
On se sert du volcan pour discréditer le principe de précaution, l'Expansion, 21/04/2010
Il faut arrêter d'utiliser le principe de précaution et les discussions qu'il suscite, de plus en plus oiseuses, pour dissimuler ce qui est d'abord lié à l'indigence de nos préparations aux situations de crises actuelles (qui ne sont plus celles d'il y a trente ans).
RépondreSupprimerVoir : http://www.patricklagadec.net/fr/sons/LP-FAI_Face_a_l-Info_-20-04-10-_Blocage_du_ci_7968787.mp3
Patrick Lagadec