mardi 27 octobre 2009

PANDEMIE : MARS versus ATHENA

Dans son article Mars ou Athena - Réflexions autour du livre Pandémie grippale - L’ordre de mobilisation, Patrick LAGADEC critique la part de gestion militaire (Mars) de la crise qui prend trop le pas sur la gestion citoyenne (Athena).
Cet article, paru le 5 septembre 2009 sur le site Espace éthique, est passé largement inaperçu mais pose cependant avec pertinence les enjeux de cette pandémie : certes la mobilisation de type militaire des moyens de l'Etat a été correctement engagée. Pour autant, la mobilisation citoyenne ne s'est pas faite parce que les citoyens n'ont pas été considérés comme acteurs de la réaction mais comme population à défendre. Une réflexion approfondie devra donc être conduite lorsque le temps du retour d'expérience viendra pour savoir comment, à l'avenir, mieux associer les citoyens à la défense de la cité, de leur cité.
EXTRAITS :
"Traditionnellement, dès qu’il est question de situation de désastre, les instances de décision plaident la nécessité de venir prendre en charge « nos populations » (pensées comme incapables de toute réaction), de remettre des cadres (supposés totalement anéantis), de contenir “panique” et désordres (tenus pour quasi inévitables et automatiques), de protéger l’ordre public (gravement menacé). Certes, l’accent est mis depuis deux ou trois décennies sur la nécessité de « communiquer » (beaucoup) et de consulter (un peu), mais si le niveau de gravité s’élève, les principes cardinaux sont rapidement de retour – « la force doit prévaloir sur le droit ». Athena est peut-être fort sympathique, mais elle doit laisser la place à Mars dès que l’on passe aux choses sérieuses.
Certes, il faut préparer des plans, des logiques d’intervention, des moyens, mais ne jamais penser que tout cela pourra se penser et se faire depuis des bureaux, des Q.G., à l’abri de leurs règles et de leurs secrets. A détruire la cohésion on ne génère que de l’incohérence. Certes, il faut faire montre d’autorité, mais c’est d’abord pour éviter que les conceptions traditionnelles de « perte de contrôle » et de « désordre », largement dramatisées par le discours médiatique automatique, ne conduisent à des inquiétudes extrêmes, à la mise en cause des responsables pour non assistance à populations en danger. Dans cette ligne, la première urgence est de faire comprendre qu’il est urgent de mobiliser totalement Athena, non de la mettre sous tutelle avant de la mettre aux fers si la mise au pas ne suffit pas.
Mars règle à l’avance les réponses, pour épargner à la Cité la difficulté des questions et des choix. Athéna convoque le citoyen pour lui faire connaître qu’il a devant lui des questions à ouvrir, à penser, à débattre, et à traiter : cette démarche qu’il lui faut engager est précisément ce qui donne sens et consistance à la Cité. Comme le dit Emmanuel Hirsch en introduction à l’ouvrage, la première urgence est bien une « urgence politique »

lundi 26 octobre 2009

Crises et facteur humain - Les nouvelles frontières mentales des crises

Préfacé par Patrick LAGADEC, cet ouvrage aborde les crises de nos sociétés modernes au travers du filtre de la psychologie et du facteur humain, angles peu étudiés en général.
Il s’appuie sur de nombreux exemples, récents (crise de la Société Générale, crise économique et financière actuelle, suicides en entreprise, libération d’otages comme Ingrid Betancourt, ouragan Katrina, affaire d’Outreau, tsunami indonésien…) ou plus anciens, mais qui ont marqué les esprits (attentat du World Trade Center, explosion de la navette Challenger, guerre du Golfe, catastrophe du Heysel, crise de Cuba…).
Il comporte les contributions de :
Jacqueline BARUS-MICHEL, Laurent COMBALBERT, Louis CROCQ, Érik DECAMP, Marie-Claude DENTAN, Jacques FRADIN, Christophe GADÉA, Claude GILBERT, Claude HANSEN, Bruno JEANBART, Thami KABBAJ, Patrick LAGADEC, Patrick LÉGERON, Christian MOREL, Daniel PARROCHIA, Emmanuel PORTIER, Luc QUINTYN, Sanjy RAMBOATIANA, Bertrand ROBERT, Christophe ROUX-DUFORT, Étienne VERMEIREN, François WALTER.

dimanche 25 octobre 2009

Au service du diable - histoire de la gestion des risques à travers le risque d'incendie



Au service du diable - Pour une histoire de la gestion des risques : Incendies et organisations de secours : Lyon, 1852-1913
L'auteur remarque justement que "les sapeurs-pompiers, hormis un travail de qualité fourni par Hubert LUSSIER (Les sapeurs-pompiers au XIXe siècle. Associations volontaires en milieu populaire) ont encore très peu fait l'objet d'études et de recherches de la part du milieu scientifique et universitaire". Cette thèse participe donc à combler cette injuste manque d'intérêt. Dans le domaine de la gestion des risques, s'intéresser à l'histoire des sapeurs-pompiers permet d'envisager les représentations sociales face au risque d'incendie ; l'influence de l'industrialisation dans la maîtrise du risque et le rôle de l'urbanisation dans l'évolution du risque et des sapeurs-pompiers.
Extraits :
"L'incendie, jusque vers la fin du XIXème siècle au moins, constituait un risque permanent, un péril avec lequel vivaient les populations, et principalement les populations agglomérées. Il conviendrait presque de parler de risque par essence, inhérent à la dynamique urbaine et économique propre aux temps historiques. C'est alors tout naturellement qu'est né le vaste projet de lutter contre le feu, l'homme éprouvant un impérieux besoin de sécurité [...]
La première question qui compose cette thèse est directement issue de [...] la narration de sinistres destructeurs durant l'Antiquité ou le Moyen Age. Elle pose en fait la question de l'état de cette menace, de la situation et de l'évaluation de ce risque sur un siècle, le XIXème, période caractéristique de l'histoire des sociétés urbaines. [...]
C'est par cette interrogation que sera établi si le danger a grandi au fur et à mesure que les villes se sont accrues, que l'industrie s'est développée, que l'économie s'est assise et que les populations se sont agglomérées. C'est, fondamentalement, cette même interpellation qui produira et conduira l'enchaînement de la problématique interprétant l'évaluation et l'évolution du risque, établissant une définition des moyens de lutte, humains et matériels. C'est ainsi que sera mis en lumière le passage, en un siècle, des brasiers destructeurs aux sinistres ponctuels, de l'insouciance à l'éducation des populations, du détachement à l'interventionnisme des autorités, du seau d'eau à l'extincteur, de la fontaine à la bouche d'incendie, de l'alerte au tocsin à celle utilisant le téléphone, du garde-pompe au sapeur-pompier, de la pompe à bras au fourgon-pompe automobile, du service d'incendie au service de secours."

samedi 24 octobre 2009

FORMATION AUX PREMIERS SECOURS : l'Europe en avance sur les Américains ?


Dans un billet publié sur le blog de l'American Red Cross, Should First Aid Training Be Required?, le retard des Etats-Unis sur l'Europe en matière de formation aux premiers secours est regretté.
Ce constat fait suite au rapport publié par la Croix Rouge Internationale “First Aid For A Safer Europe”.
Dans son billet, l'auteur s'interroge sur les raisons qui poussent les citoyens à suivre des formations aux premiers secours. Malheureusement, ce n'est pas l'éthique citoyenne qui motive les Européens à se préparer pour sauver des vies. L'auteur constate ironiquement que, si les citoyens reconnaissent que ces formations sont d'une importance essentielle, ils ne sont guère volontaires pour y participer. Ainsi, seule une obligation formelle peut développer la préparation citoyenne aux premiers secours.
"most would agree that first aid skills are fundamentally important, but what really motivates people to take a class? The report tells us that, at least in Europe, it’s partly because they have to."

En France, la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 impose notamment que "Tout élève bénéficie, dans le cadre de sa scolarité obligatoire, d'une sensibilisation à la prévention des risques et aux missions des services de secours ainsi que d'un apprentissage des gestes élémentaires de premier secours."

Le rapport rapport publié par la Croix Rouge Internationale “First Aid For A Safer Europe” constate notamment que les Européens sont mieux préparés pour faire face aux accidents domestiques, de la route, ou de travail. Ainsi, 95% de la population norvegienne sont formés aux 1ers secours.
Plusieurs Etats américains ont établis des lois qui obligent le personnel de l'éducation nationale à suivre des formations pour utiliser des défibrillateurs mais, constate l'auteur du billet, une formation aux 1ers secours imposée à l'ensemble des citoyens reste encore à introduire.

En définitive, cette constation pose une fois encore le thème d'une préparation citoyenne face aux risques. Les évolutions sociétales marquées par un individualisme croissant militent pour que cette préparation citoyenne soit imposée par l'Etat.

dimanche 18 octobre 2009

PREPARATION DES OPERATEURS PRIVES FACE AUX CATASTROPHES : nouvelles normes édictées par le US Department of Homeland Security

La ministre américaine de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security (DHS) Secretary) Janet Napolitano a annoncé le 15 octobre 2009 de nouveaux standards pour la préparation des opérateurs privés face aux catastrophes.

Elle a ainsi déclaré que "la préparation est une responsabilité partagée dans laquelle tout le monde (y compris les opérateurs privés, les universités et les associations) a un rôle à jouer. S'assurer que nos partenaires privés disposent des connaissances et conduisent des entraînements pour réagir face aux catastrophes permet de renfortcer nos efforts pour créer une culture nationale de préparation"

("Preparedness is a shared responsibility and everyone—including businesses, universities and non-profit organizations—has a role to play," said Secretary Napolitano. "Ensuring our private sector partners have the information and training they need to respond to disasters will strengthen our efforts to build a culture of preparedness nationwide.")

Cette notice, soumise à approbation, prévoit 3 nouvelles normes (établies en liaison avec la National Fire Protection Association, la British Standards Institution and ASIS International (American Society for Industrial Security).


Les 3 normes sont les suivantes :


1. Norme NFPA 1600 — Gestion des situations de crises et plan de continuité des activités (Standard on Disaster/ Emergency Management and Business Continuity Programs)


2. Norme BS25999— Gestion du plan de continuité des activités (Business Continuity Management)


3. Norme ASIS SPC. 1–2009— Résilience organisationnelle : prévention sécuritaire, systèmes de continuité des activités (Organizational Resilience: Security Preparedness, and Continuity Management Systems— Requirements with Guidance for Use)


1. NFPA 1600—Standard on Disaster/ Emergency Management and Business Continuity Programs, 2007 Edition. This standard establishes a common set of criteria for preparedness, disaster management, emergency management, and business continuity. NFPA 1600 specifies the management and essential elements of a preparedness program for disaster management, emergency management, and business continuity.
The particular strength of this standard is that it focuses on planning and preparation in anticipation of a disaster and does not prescribe a program development process.
2. BS25999—Business Continuity Management. This standard defines requirements for a management systems approach to business continuity, and integrates risk management disciplinesand processes. BS25999 is comprised of two parts: Part 1 dated 2006; Code of
Practice, and Part 2 dated 2007; Specification. The particular strength of this standard is that it specifically provides a management systems approach to business continuity and also integrates risk management disciplines and processes. The standard also provides the user the basis for understanding and implementing in business-to-business and business-tocustomer
dealings to reassure business resilience.
3. ASIS SPC. 1–2009—Organizational Resilience: Security Preparedness, and Continuity Management Systems— Requirements with Guidance for Use. This standard was released in 2009 and defines requirements for a management systems approach to organizational resilience. The particular strength of this standard is that it applies a management systems approach to organizational resilience. The standard encompasses an assortment of risk management mechanisms and follows a plan-do-check-act approach associated with other International Standard Organization management system based standards.


EN SAVOIR PLUS :





samedi 17 octobre 2009

SEISMES : COMMENT LA CALIFORNIE SE PREPARE AU "BIG ONE"


Alors que le film catastrophe 2012 va bientôt sortir, la Californie se prépare avec réalisme et un film de sensibilisation particulièrement efficace !
Il faut d'urgence visionner cette vidéo et aller faire un tour sur le site The Great California Shake Out - Get Ready.
Le 15 octobre 2009, plusieurs millions de Californiens ont participé à un exercice de réaction face à un tremblement de terre. Les organisateurs prévoyaient même d'atteindre le chiffre record de 10 millions de participants. C'était le plus important exercice tremblement de terre, jamais réalisé aux USA.
On est loin des exercices de sécurité civile français, qui ne mobilisent jamais autant la population...


Plus d'infos :

Preparing for the Big One, sur le blog Homeland Security Watch - "News and analysis of critical issues in homeland security"
Millions duck and cover (San Jose Mecury News)
This is a test, this is only a test (Los Angeles Times)
Party time for great California shake-out (San Francisco Chronicle)
Et, pour le fun, le film 2012, qui sortira en novembre :


GRIPPE A H1N1 : VERS UNE MUTATION DU VIRUS ?

Alors que les premiers cas d'infection de porcs par le virus de la grippe H1N1 pourraient avoir été détectés dans l'Etat du Minnesota (Nord des aux Etats-Unis), une possible mutation du virus doit être sérieusement envisagée.
Les services sanitaires américains préparent un vaccin pour les porcs, et feront placer en quarantaine les animaux infectés.
Malgré la faible virulence du virus actuellement constatée et les réponses énergiques déployées par les gouvernements, ce dernier événement doit inciter à rester vigilants et mobilisés.
en savoir plus : sur le blog Grippe aviaire.

vendredi 16 octobre 2009

Directeur National des Risques : Quid ?

A lire dans le dernier numéro de Riskassur (pages 10 à 19) :
Profession : Directeur National des Risques
Article rédigé par le Professeur Jean-Paul Louisot, dont voici quelques extraits (un extrait plus complet est disponible sur le site de Riskassur) :
"Quand verra-t-on un risk-manager dans chaque ministère ?
C'est en cours de réalisation en Grande-Bretagne.
A quand le risk-manager de la république ?"

"la gestion des risques, limitée à l'achat d'assurance pour protéger le patrimoine physique d'une organisation donnée, est devenue totalement obsolète. Elle doit faire place à une vision globale et dynamique, intégrant en particulier les risques du réseau logistique, les risques de réputation, en un mot l'ensemble des dangers, réels ou perçus par l'ensemble des parties prenantes mais surtout s'étendre à l'ensemble des acteurs de la société...
nous suggérons une nouvelle appellation pour rendre ce développement, celui de « gestion stratégique des risques » qui soulignent l'interaction avec la stratégie de l'organisation, la responsabilité ultime des dirigeants. Il est clair que le terme générique d'organisation regroupe ici les entreprises industrielles et commerciales, bien entendu mais également les établissements de soin, les collectivités territoriales. Mais même cette échelle peut se révéler insuffisantes et ce sont les états eux-mêmes, voire les sous-région, qui doivent concevoir des politiques de gestion des risques globales débordant les fonctions régaliennes traditionnelles, sécurité interne (police et gendarmerie) et externe (forces armées) et qui intègreraient la complexité et la fluidité du système complexe qu'est devenu le monde !
La société, la ville, la région, mais in fine la nation elle-même, comme toute organisation doivent donc apprendre à optimiser la prise de risque
Les sociétés de plus en plus vulnérables avec des risques de plus en plus interconnectés dans des systèmes complexes appellent donc bien la mise en place de solutions globales au niveau des états pour les aider à identifier, analyser et classer les risques pour préparer les réponses qui s'imposent. Un directeur national des risques pourrait être la clé de voûte pour la mise en place d'un processus systématique de gestion des risques en incarnant la politique proactive de l'état.
les états ne semblent pas avoir encore vraiment compris le besoin de développer leur version de ce que le privé appelle aujourd'hui ERM (entreprise-wide risk management) alors même que la complexité croissante des interconnections entre les acteurs publics et privés transfrontières supposeraient par delà même chaque état, d'établir une coopération internationale pour une gestion globale et intégrée des risques seule garante d'un véritable développement soutenable au service de tous les hommes, d'aujourd'hui et de demain. ..."
L'intégralité de cette étude écrite par le Professeur Jean-Paul Louisot, est disponible dans le numéro 146 de RiskAssur-hebdo du 16 octobre 2009. Abonnement gratuit depuis le site internet du magazine
en savoir plus en lisant :
- site de l'association britannique ALARM, Association for local authority risk managers (« the National Forum for Risk Management in the Public Sector »)
- Gouvernance Publique du risque et émergence d’une culture spécifique dans la fonction publique, Riskassur Numéro 84 du 20 juin 2008, pp. 16 à 18
- Notion de sécurité globale, Riskassur Numéro 74 du 11 avril 2008, pp. 08 et 09

jeudi 15 octobre 2009

un sous-officier de l'armée américaine décède de la grippe A H1N1

A lire sur le blog The Tension : un sous-officier de l'armée de l'air US est décédé le 4 octobre 2009 des suites de complications médicales après avoir contracté le virus de la grippe A H1N1.
A l'heure où le format des armées est de plus en plus réduit, ce décès pose la question d'une vaccination prioritaire de certains corps essentiels à la survie de l'Etat : les professionnels de santé, les secours d'urgence, les forces de police et les armées, notamment.
Peu d'articles paru dans la presse à grande audience ce sont intéressés à cet épineux problème éthique : pour la survie de la cité, qui doit-être prioritaire ?
Autre question à résoudre : si la pandémie frappe de plein fouet le pays, les missions de Défense à l'étranger (opérations extérieures) doivent-elles être maintenues ?
Le plan gouvernemental pandémie semble avoir tranché puisqu'il énonce dans le chapitre "Priorités particulières" relatives à la Défense :
"missions de continuité de l’action gouvernementale pour la préservation des fonctions militaires stratégiques ; missions de coopération civilo-militaire dans les domaines de la continuité gouvernementale, de la contribution à la sécurité et de l’assistance à lapopulation."
Rappel du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale (paru en 2008) :
"La protection et l’intervention doivent permettre à l’État, la première, d’assurer sur le territoire national la sécurité des citoyens, de la société et de la vie économique, la seconde, de donner à la sécurité nationale, en étroite coordination avec nos partenaires européens et nos Alliés, la profondeur, la capacité d’adaptation et la mobilité nécessaires à toute stratégie de défense dans le monde du XXIe siècle."
Pour assurer cette préservation de la fonction "intervention", les militaires en opérations extérieures seraient vraissemblablement maintenus sur leur théâtre d'opération, tandis qu'une capacité d'intervention face à d'autres crises extérieures serait également préservée et ajustée selon la situation nationale, comme le déclare le plan pandémie en page 83 :
"Le ministre de la défense concourt à la préparation du dispositif national et prend toutes mesures nécessaires pour préserver les fonctions militaires stratégiques et, en situation de pandémie, pour permettre le concours des armées aux missions de défense civile dans la limite des effectifs rendus disponibles par le fonctionnement en mode dégradé du ministère et l’attrition due à la pandémie."

mercredi 14 octobre 2009

Guide canadien pour préparer la population à affronter la grippe A H1N1

Le gouvernement du Canada a lancé aujourd'hui un guide de préparation à la grippe A (H1N1) qui s'adresse directement à la population. La ministre de la Santé a rappelé que «chaque Canadien a un rôle à jouer pour prévenir la propagation du virus». Le guide sera également sur le site http://www.combattezlagrippe.ca/ La vaccination contre le virus de la grippe A (H1N1) débutera en novembre au Canada.

En savoir + : sur le blog "grippe aviaire"

lundi 12 octobre 2009

EVALUER LES RISQUES TERRORISTES ?

La sortie du livre Terrorisme et antiterrorisme au Canada (Presses de l’Université de Montréal, 1er septembre 2009) pose, notamment, la question d'une évaluation des risques terroristes. Est-il pertinent de les évaluer froidement à l'aune d'une matrice croisant probabilité et risque ? Un tel exercice reviendrait à considérer ce risque comme quasiment nul sur le territoire canadien (pas d'attentat répertorié depuis 1985). Dès lors, la question de l'engagement des troupes canadiennes dans la guerre contre le terrorisme (GWOT, Global War On Terror) engagée de manière pré-emptive (au sens américain de preemption) en Afghanistan pourrait se poser. La prévention d'un risque terroriste, estimé comme quasi-négligeable, mérite-t-elle l'engagement des troupes dans un conflit lointain ?
Mais, face au terrorisme, face à cette menace pesant sur nos démocraties et remettant en cause nos idéaux, les schémas objectifs et froids ne tiennent pas et l'évaluation du risque ne saurait être simplificatrice.
Telles sont les pistes de réflexions vers lesquelles nous oriente ce livre dont voici l'extrait de présentation :

"La menace terroriste, si elle doit être conçue comme la probabilité qu’un incident hautement destructeur se produise au Canada, est pratiquement nulle. Plus précisément, elle est si infinitésimale qu’il est impossible de l’évaluer. Expliquons : il existe deux manières expertes d’évaluer les risques d’un tel attentat.
La première consiste à construire une matrice à deux variables : d’une part, la probabilité mathématique qu’un attentat survienne, d’autre part, la gravité des conséquences d’un tel attentat. On jugera que le risque est « élevé » si les probabilités sont hautes et les conséquences très graves, et « faible » si au contraire les chances sont faibles et les conséquences négligeables. Dans le cas d’un acte terroriste spectaculaire, nous sommes dans une situation difficile : les conséquences seraient sans doute très graves en termes de pertes de vies, de blessures et de dommages matériels, sans compter l’« effet secondaire » du terrorisme, la terreur ou, de façon moins théâtrale, la perte de confiance et le sentiment d’insécurité causé chez les témoins et spectateurs. Par contre, l’évaluation de la probabilité est hautement problématique. En général les experts se basent sur l’observation d’actes similaires. Or, au Canada ces actes sont si rares (le dernier remontant à 1985) que toute opération mathématique est rigoureusement impossible, reléguant l’exercice à une pure spéculation.
La seconde manière d’estimer le risque est beaucoup plus subjective encore et consiste à estimer la menace à partir de données sélectionnées à l’avenant dans l’actualité internationale. Par exemple, le fait que ben Laden ait mentionné le Canada dans sa liste d’États ennemis, en novembre 2002 (en fait il s’agissait simplement de la liste des nations ayant participé à l’invasion de l’Afghanistan) pourrait être interprété comme une menace plus ou moins imminente, selon l’opinion de l’analyste (et le temps qui passe).
Cela dit, si on accepte dans la catégorie « terrorisme » les actes beaucoup moins spectaculaires et dangereux, mais qui restent des formes de violence politique visant à contraindre, au contraire le risque doit être compris comme tout près du 100 %, à chaque année. En effet, il est presque certain qu’un faible nombre d’attaques contre des écoles juives, contre des installations de distribution d’énergie ou contre des monuments ou symboles se produiront.
Pour plusieurs raisons, l’idée que le Canada peut prévenir les attaques terroristes est farfelue — bien qu’on puisse bien sûr se préparer aux urgences et mettre sur pied des stratégies de minimisation des dégâts et d’aide aux victimes. Il n’est pas exclu, bien entendu, que certains complots soient déjoués. C’est toutefois chose très rare et à l’analyse des complots découverts récemment au Canada et aux États-Unis, on ne peut que remarquer leur amateurisme flagrant et leur faible potentiel de réussite. Premièrement, l’évolution du terrorisme international doit être prise en considération. Les cas d’attaque réellement internationale (déclenchée, financée ou téléguidée de l’extérieur du pays ciblé) sont en baisse extrêmement prononcée depuis une dizaine d’années. Leur rareté leur donne une imprévisibilité qui défie toute prévention : il n’y a pas de pattern, de modèle détectable. Cependant, la majeure partie des actes terroristes se produisant dans les pays occidentaux sont le fait d’individus nés dans le pays qu’ils attaquent ou naturalisés de longue date, fraîchement radicalisés et peu préparés. Cela signifie que leurs actes seront relativement inusités (voire farfelus) et rapidement organisés — donc aussi difficiles à détecter à l’avance. Deuxièmement, étant donné le nombre pratiquement infini de cibles vulnérables qui existent dans une société comme la nôtre, miser sur la protection est peu prometteur. Il n’existe pas de moyen de se parer contre une attaque dans le métro de Montréal ou de Toronto, par exemple — attaque qui ne brillerait pas par son originalité, ce genre d’infrastructure étant une cible populaire auprès des terroristes. On pourrait aussi faire exploser une citerne ou un wagon chargé de phosgène (élément principal à la source de la catastrophe de Bhopal) à son passage dans un quartier résidentiel, ou déverser du chlore dans le système de ventilation d’un édifice du centre-ville. La liste des possibilités est infinie et la plupart requiert très peu de moyens financiers, des compétences approximatives et une préparation minimale. "

Table des matières
PORTRAIT DU TERRORISME AU CANADA
1 : Comment définir le terrorisme ?
2 : Les buts du terrorisme
3 : L’évolution du terrorisme au Canada, 1973-2006
4 : Les causes célèbres
5 : Ahmed Ressam, produit d’un réseau terroriste
6 : Informatique et cyberterrorisme
RÉPONSES CANADIENNES AU TERRORISME
7 : Le terrorisme, crime ou acte de guerre ?
8 : La militarisation de la lutte antiterroriste au Canada
9 : Le Canada et les normes internationales antiterroristes
10 : Antigangstérisme et antiterrorisme
11 : La peur du terrorisme : les usagers des transports en commun
12 : Le langage du terrorisme dans la sphère géopolitique
Pour en savoir plus :

LAURENT MURAWIEC

La disparition de Laurent MURAWIEC, la semaine dernière, est passée largement inaperçue dans la blogosphère stratégique.
Parmi les grands médias, seule RFI y a consacré un article.
Cette disparition éclairait pourtant d'une manière singulière la création de l'IRSEM.
Laurent MURAWIEC écrivait ainsi dans son livre la Guerre au XXIeme siècle dans un sous-chapitre intitulé "le débat stratégique en France" :
"Il est de toute façon nécessaire et urgent de soumettre à nouveau la défense à l'air frais du débat public. La défense en France n'est pas dans le domaine public. Mesurons-le à l'aune de la fréquence et de la taille des articles consacrés aux affaires de défense dans les quotidiens, les hebdomadaires et à la télévision. La vieille inimitié entre une intelligentsia marquée par l'antimilitarisme et l'armée en tant qu'institution vivement anti-intellectualiste, une grande Muette retirée sur son Aventin, boudant une société civile qui ne lui a pas témoigné trop d'égards, l'extinction du débat militaire public et doctrinal après 1958 en sont des causes sérieuses. L'ignorance pure et simple en est une autre : trop de décideurs n'ont pas fait le service national. Mais l'ignorance est due avant tout à l'absence d'un débat public large et continu. Non qu'il faille "communiquer", c'est-à-dire envoyer des paquets de pseudo-information calibrés en spots publicitaires pour l'édification de la populace. Ce n'est pas affaires de relations publiques. Pour réinsuffler les affaires de défense dans le domaine public, il faut créer un nouveau partenariat engageant un grand nombre d'intervenants. Il faut que le cadre institutionnel s'ouvre et se renforce. Les études militaires, les études stratégiques, les études de défense en général, sont en France enfermées dans un ghetto. Les instituts et organismes qui en ont la charge sont cachés et protégés du public par de hauts murs..."
Certes, la personnalité controversée de Laurent MURAWIEC, devenu un des néoconservateurs américains les plus radicaux, peut expliquer cette faible reconnaissance médiatique lors de sa disparition.
Cependant, c'est tout de même l'auteur d'une traduction de Clausewitz (De le Guerre) qui fait date. De nombreux points de son ouvrage la Guerre au XXIeme siècle demeurent pertinents. C'est enfin un des rares stratégistes à avoir eu la parole dans la revue Commentaires (numéros 83 et 85) pour ses articles sur : "La révolution dans les affaires militaires" et "Clausewitz et la pensée de l'incertain"
Sans vouloir porter de jugement, je trouve cependant désolant que de nombreux utilisateurs de sa traduction de Clausewitz ne lui est pas rendu l'hommage mérité.

mercredi 7 octobre 2009

Peut-on se fier aux PLANS pour gérer les CRISES ?



C'est le titre du dernier "cahier de recherche" du Centre National De La Recherche Scientifique - Département d’Economie de l'Ecole Polytechnique (cahier n°40 – octobre 2009) mis en ligne par l' "archive ouverte HAL-SHS" (Hyper Article en Ligne - Sciences de l'Homme et de la Société). Patrick Lagadec nous propose d'appréhender la pertinence des plans pour gérer les crises :

"Avec la montée des crises, et leur aggravation, la notion de plan est de plus en plus mise en avant. Quels sont les points forts de l'outil, quels en sont les faiblesses effectives ou potentielles, quelles meilleures pistes considérer aujourd'hui ? Comment ce débat, fort ancien, se transforme-t-il aujourd'hui ? Les trois volets – forces, faiblesses, perspectives – sont examinés, et un ensemble de textes est proposé pour enrichir la réflexion..."

jeudi 1 octobre 2009

Dossier spécial grippe A (H1N1)

A découvrir sur le site de DEXIA, un Dossier spécial grippe A(H1N1), qui a le mérite de la clarté :
"Conçu pour vous aider à préparer au mieux une éventuelle pandémie et vous accompagner dans le déploiement des mesures de prévention et d’organisation les plus efficaces pour votre établissement / votre collectivité, ce dossier spécial grippe A(H1N1) a d’abord pour ambition de répondre de manière concrète, claire et exhaustive à toutes les questions que vous vous posez..."

AFGHANISTAN : PREVENTION DES RISQUES DUS AUX ENGINS EXPLOSIFS IMPROVISES (IED) (continuité de mon précédent billet)