dimanche 31 mai 2009

LA CITATION DU JOUR, POUR UNE VERITABLE CULTURE CITOYENNE DE PREPARATION AUX RISQUES

pour chaque dollar dépensé en préparation

vous économisez 9 dollars

lors de la réponse des secours

"Je suis persuadé que pour chaque dollar dépensé en préparation vous économisez 9 dollars lors de la réponse des secours. Forger une véritable culture de préparation est le meilleur moyen de réduire les risques de catastrophes" (« Creating a Culture of Preparedness is the Best Hope for Disaster Mitigation »).

Au cours d’une conférence donnée à la mi-mai 2009, le general Honore, chef de la task force Katrina chargée de coordonner les efforts militaires lors de l’ouragan Katrina (responsable de plus de 1800 morts) a appelé de ses vœux la création d’une véritable culture citoyenne de préparation face aux risques.

Il a ainsi noté qu’en comparaison avec Katrina, l’ouragan Ike a fait moins de 30 morts parce que la population a été prévenue et a su évacuer en avance.

"Si vous preniez un peu de votre temps pour vous préparer, comme vous le faites pour la saison de football ou celle de la chasse, vous seriez sain et sauf. Achetez–vous un générateur, des bâches, de l’eau en bouteilles, une radio d’alertes météo («weather radio »), ayez toujours de l’argent liquide disponible, …, la plupart des gens sont prêts à le faire, mais ce n’est pas dans leur mentalité de se préparer au pire (« it’s not in their mindset to be prepared »)."
Le général déclara finalement à l’auditoire qu’ils s’apercevraient que la culture de préparation aux risques est vraiment en marche lorsque pour la fête des Pères les enfants offriront à leurs pères un kit d’évacuation d’urgence («evacuation pack», constitué de tout le nécessaire pour survivre 72 heures).
A lire sur sur le site de Emergency Management News : http://www.govtech.com/em/articles/690367

LA GUERRE EST DECLAREE CONTRE LA GRIPPE A

L’article du Journal du Dimanche (« Le plan secret contre la grippe A », 30 Mai 2009) appelle plusieurs commentaires. Résumons d’abord son propos :
Pour faire face au retour du virus à l’automne, l’Etat se prépare à appliquer la vaccination obligatoire de tous les Français. 100 millions de doses seraient donc achetées. Pour un coût d’environ 1 milliard d’euros. L’Etat tire les enseignements de la grippe Espagnole de 1918 (« la grippe espagnole avait marqué le pas au printemps avant de revenir à l'automne, tuant 40 millions de personnes ») et surtout des « traumatismes laissés par plusieurs crises sanitaires successives, du sang contaminé à la canicule en passant par la vache folle, [qui] ont rendu les politiques d'une très grande prudence ».

Commentaires :
Pour l’instant, la grippe A aurait fait 100 morts, 15 000 malades. Ce qui, comparé aux 300 000 morts annuels dus à la grippe « normale », reste à relativiser (voir sur le site de l’OMS : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs211/fr/index.html ).
Si un tel « plan de bataille » se met en place, on risque de développer dans la population le sentiment que c’est à l’Etat de tout faire et que, puisque le vaccin existe il ne se passera rien.
Mais, si le virus mute encore en une forme rétive au vaccin, comment l’Etat l’expliquera-t-il ?
C’est exactement le même schéma qui se met en place que celui concernant les dispositifs d’indemnisations suite aux inondations : pourquoi le citoyen ferait acte de prudence puisque l’Etat sera toujours là ? (cf mon post : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/05/letat-face-la-gestion-des-risques.html ).
Au regard du droit, peut-on obliger tout le monde à se faire vacciner ?
Certains termes utilisés dans l’article sont caractéristiques des excès de triomphalisme générateurs de défaites lorsque la crise survient (ceci est parfaitement décrit par Patrick Lagadec, voir par exemple mon post sur Three Mile Island : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/03/laccident-de-three-mile-island.html). Ainsi peut-on lire : « plan de bataille ; pied de guerre ; nous serons prêts ; nous avons mis en place un groupe d'experts ; nous étions déjà les mieux préparés à une pandémie de grippe aviaire ; la France a une tradition centralisatrice qui facilite la mise en place d'un système de prévention efficace ».
Mais que se passera-t-il si la guerre ne se déroule pas selon le plan prévu ou si, comme le dirait Patrick Lagadec, « la crise passe par les Ardennes ».
D’autre part, l’Etat prévoit de communiquer pour préparer la vaccination automnale. Peut-on raisonnablement espérer que la population sera réceptive à ce sujet en plein été ?
En définitive, les débats sur la pandémie grippale sont caractéristiques de la Société du risque décrite par Ulrich Beck, notamment quant à la sensibilité exacerbée face aux risques. Prenons garde qu’une confiance excessive et un recours passif à l’Etat ne soit pas générateurs d’effets boomerang, quand la crise non prévue surviendra.
Cette préparation sérieuse face au retour de la grippe A a donc le mérite d’exister, mais l’éducation du citoyen, premier acteur de la crise, doit demeurer le principal objectif avant même d’avoir les meilleurs experts en la matière.

L’article du JDD : http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200922/le-plan-secret-contre-la-grippe-a_213201.html

samedi 30 mai 2009

L'ENA s'associe au CELSA


Les énarques et la communication, un mariage impossible?


En janvier 2009, l'ENA a conclu un partenariat avec le CELSA. Ce partenariat fait partie de la politique d'ouverture de l'Ecole. Le mastère en gestion des risques sur les territoires (http://www.ena.fr/index.php?page=formation/fp/master-risques) s'inscrit pleinement dans cette logique d'ouverture.


2 mois et déjà 1500 visites !

2 mois d'existence, 3 semaines d'absence dont je ne suis pas fier (mais SD va m'apprendre à publier en différé, :-) !!! ), malgré tout 25 messages et surtout 1500 visites avec déjà des visiteurs fidèles et une publicité dans la blogosphère et sur le net (http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/Grippe05.aspx).

Je viens de recevoir le dernier numéro de Crisis response journal (http://www.crisisresponsejournal.com/NextIssue.aspx?id=484) ce qui devrait me permettre d'alimenter convenablement mon blog.
Mon mémoire de mastère est en cours de validation, dès qu'il sera validé, je vous en livrerai les éléments essentiels.
Merci de votre fidélité !
PM

L’Etat face à la gestion des risques naturels : feux de forêt et inondations


« L’urbanisation devrait se poursuivre en France, renforçant la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et leurs conséquences financières »

Le rapport de la Cour des comptes publié en février 2009, comprend une partie consacrée à la gestion des risques naturels ("L’Etat face à la gestion des risques naturels : feux de forêt et inondations"). Ce rapport, qui n’a pas bénéficié de beaucoup d’écho, pointe de nombreuses lacunes et émet les recommandations à même d’y remédier. Prenant acte de la conjugaison de trois facteurs aggravant la vulnérabilité face aux risques naturels (changement climatique, urbanisation, sensibilité de la société aux risques) le rapport insiste sur le fait que l’absence de catastrophe naturelle majeure dans les domaines des feux de forêt et inondations ne doit pas conduire à un relâchement des efforts de gestion des risques. Enfin, le rapport remarque justement que l’efficacité des indemnisations consécutives aux catastrophes n’incite pas à mettre en place une prévention adaptée. Il vaudrait mieux sanctionner les manquements à la règlementation et adapter les primes d’assurances pour inciter à un meilleur respect des mesures de prévention.

Parmi les intéressantes conclusions de ce rapport, retenons :
« L’efficacité des actions visant à protéger les personnes et les biens est une question d’importance croissante ;
le rôle de l’Etat demeure primordial pour édicter des normes de prévention, conformément à sa mission de garant du long terme et de l’intérêt général ;
L’ampleur et la portée des menaces sont fortes. L’absence de sinistre majeur depuis le milieu de la présente décennie ne saurait conduire l’Etat à relâcher l’effort de prévention des risques et de préparation aux crises, dont le coût est sans commune mesure avec celui d’une catastrophe naturelle majeure ;
l’efficacité des dépenses publiques consacrées à la gestion de ces risques pourrait être améliorée ;
subsistent plusieurs insuffisances auxquelles il conviendrait de remédier : le caractère incomplet et tardif de l’exploitation des « retours d'expérience » à la suite d’événements exceptionnels, le trop lent établissement des plans de prévention des risques naturels, le défaut de vigilance sur le respect de ces plans par les documents d’urbanisme, les modalités de diffusion de l’alerte ;
les dispositifs d’indemnisation et de réparation, que ce soit le régime « CatNat », les assurances ou les crédits de reconstruction, n’incitent pas suffisamment à la prévention.
Aménager la tarification de primes d’assurance afin de lui faire jouer un rôle incitatif à la prévention plus important ;
Davantage réprimer les contraventions aux prescriptions des documents de planification et d’urbanisme en matière de prévention des risques. »

Le rapport : http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/25-gestion-risques-naturels-feux-inondations.pdf

La vulnérabilité territoriale : une nouvelle approche des risques en milieu urbain


A lire sur cybergeo, "revue européenne de géographie" : "La vulnérabilité territoriale : une nouvelle approche des risques en milieu urbain".

Il s'agit d'un exemple d'analyse de vulnérabilité territoriale appliqué à QUITO, capitale de l'Equateur. cet article fait partie du dossier Vulnérabilités urbaines au sud : http://www.cybergeo.eu/index22089.html


Rappelons que le Master Gestion Globale des Risques et des Crises de l’Université Paris Panthéon Sorbonne et la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris organisent conjointement un colloque sur les risques urbains en octobre 2009 à la Bibliothèque Nationale de France.

(voir mon post : http://gestiondesrisquesetcrises.blogspot.com/2009/04/colloque-sur-les-risques-urbains.html). Gageons que ce concept de vulnérabilité territoriale sera repris lors du colloque.


Résumé :

L’analyse de vulnérabilité territoriale vise à identifier, caractériser et hiérarchiser les espaces à partir desquels se crée et se diffuse la vulnérabilité au sein d’un territoire. Les politiques de prévention des risques doivent considérer en priorité ces espaces dans la mesure où ils peuvent perturber, compromettre, voire interrompre le fonctionnement et le développement du territoire.L’approche a été développée dans le cadre du programme de recherche « Système d’Information et Risques dans le district métropolitain de Quito », mené entre 1999 et 2004 par l’IRD et la Municipalité de Quito. L’article vise à expliciter cette approche, fondée sur l’identification des enjeux majeurs du territoire et l’analyse de leur vulnérabilité, ainsi que la démarche méthodologique permettant de déboucher sur la cartographie de la vulnérabilité territoriale à Quito.



jeudi 28 mai 2009

RISQUES DE PIRATERIE


en complément de mon post d'hier, je lis dans le Figaro d'aujourd'hui :


"les commandants de la marine marchande ont appris à ruser. Suivant les recommandations du document des organisations professionnelles, beaucoup s'en sont tirés en évoluant en zigzag, en posant des barbelés aux endroits les plus propices à l'abordage ou en installant des mannequins sur les ponts, pour donner l'impression d'une force importante à bord.
[...] le marché des mercenaires est en hausse. Les armateurs les plus puissants engagent des anciens des SAS ou de l'armée israélienne...."




mercredi 27 mai 2009

compagnies de sécurités privées contre piraterie : réduction ou augmentation des risques ?


Dans un communiqué publié le 14 mai 2009 et repris par la revue Mer et Marine, Armateurs de France s’oppose à l’embarquement d'équipes de sécurité armées sur les navires marchands et « rappelle que l’emport de milices privées à bord des navires marchands est contraire aux recommandations internationales, aux principes fondamentaux du droit et à la plupart des législations nationales. Cette présence est incompatible avec la sécurité des équipages, elle entraverait le bon déroulement des dispositifs militaires et généreraient un risque évident d’escalade de la violence. »

Malgré le renforcement des moyens militaires, les attaques de pirates ont diminué, mais n'ont pas cessé. Certaines compagnies ont donc opté pour l'embarquement d'équipes armées. Pour Armateurs de France, l'embarquement de sociétés de sécurité privées pose 4 problèmes :
- Respect du droit ;
- Sécurité de l’équipage ;
- Entrave au bon déroulement des dispositifs militaires ;
- Escalade de la violence.
Armateurs de France déclare également recevoir le soutien de Matignon sur cette position en citant un courrier du premier Ministre de janvier 2009 : « Il n'est pas souhaitable d'encourager les navires marchands battant pavillon français à l'embarquement de moyens privés de protection ».

Pourtant, récemment, l'attaque de pirates contre le MSC Melody (navire de croisière) a été mise en échec par les forces de sécurité du navire.

Il s’agit donc de savoir si les militaires ont réellement la capacité d’assurer la sécurité de tous les navires et si cette sécurité relève uniquement d’une mission régalienne.

A lire :
Le communiqué : http://www.armateursdefrance.org/InfoMail/?id=COM0928&a=gld1i9u9p1
L’article de Mer et Marine : http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=110251
9 articles très intéressants traitant de piraterie sur le blog de SD : http://pourconvaincre.blogspot.com/search/label/piraterie

mardi 26 mai 2009

La Société du risque sur canal-U TV

La Société du risque sur canal-U TV

Pour en savoir plus sur les théories d’Ulrich Beck et tout ce qui concerne la société du risque, je vous recommande ces deux émissions réalisées par canal-U TV :

La Société du risque. Risque et Politique
En 1986, le sociologue allemand, Ulrich Beck publie un livre sur la " société du risque " et remporte un grand succès. Son livre n'est pas un manifeste écologique, ni une dénonciation de la multiplication des risques technologiques caractérisant la société contemporaine, mais plutôt une interrogation sur les caractéristiques d'une société considérant tous ses problèmes comme des risques, faisant du risque le principe de ses valeurs. Ainsi Ulrich Beck montre que la question du risque est au cœur de la politique moderne. Le risque est au cœur du contrat de solidarité qui représente la forme du contrat social pour le XXe siècle industrialisé. Il est aujourd'hui au centre d'un débat en raison même de la transformation dans la nature des risques sociaux : maladie, retraite, chômage. D'où la recherche de formes de protections alternatives qui caractériseront sans doute le XXIe siècle. Une autre forme de politisation par le risque est apparue dans les années 1970 avec la montée de la conscience écologique. Les grands risques technologiques (le nucléaire en particulier), les catastrophes industrielles, les interrogations sur les évolutions du climat, la montée des risques sanitaires (transfusion sanguine), alimentation (vache folle) ont conduit les États à définir une nouvelle politique du risque liée à la notion de " principe de précaution ". Elle porte sans doute avec elle la naissance d'une nouvelle organisation de l'État dans ses fonctions de sécurité. En son cœur, à la fois la question du savoir - à travers le problème de l'expertise - dans les procédures qui conduisent à décider que tel ou tel risque est acceptable.

http://www.canal-u.tv/producteurs/universite_de_tous_les_savoirs/dossier_programmes/les_conferences_de_l_annee_2000/la_societe_du_risque_et_de_l_extreme/la_societe_du_risque_risque_et_politique

La société du risque ?
Pour de nombreux théoriciens, comme pour la presse, le risque constitue une alternative plausible aux labels globalisants évoqués jusqu’ici (société des individus, société postmoderne). La publication par le sociologue allemand Ulrich Beck, d’un livre majeur a renforcé ce qui se dessinait déjà comme une tendance forte, congruente avec de nombreuses théories disponibles et nettement en prise avec l’actualité passée ou présente. On a donc de plus en plus parlé de « société du risque », même si tout le monde ne donne pas le même sens à l’expression. La caractéristique centrale de cette constellation, tous travaux confondus, c’est la tension entre trois éléments : a/ la perception et la représentation, par tout un chacun, de la vie comme risquée, b/ la construction de dispositifs experts de traitement sociétal du risque (ce qu’on appelle la « gestion des risques ») et c/ l’effet inducteur de risques résultant des deux éléments précédents (un processus de « risquification »). Autrement dit, chacun de ces éléments met les autres en question : les spécialistes du risque critiquent l’incohérence des perceptions ordinaires du risque, les contre-experts discutent la validité du type de rationalité « risquolâtre » des experts, et ainsi de suite. Nous allons examiner les prétentions de cette appellation à rendre compte de la société du siècle nouveau en analysant aussi bien les rapports entre savoir ordinaire du risque et savoir savant, que les luttes pour le monopole de la définition savante du risque.

samedi 2 mai 2009

Réflexions à chaud sur la grippe A/H1N1




Alors que l’interprétation de la pandémie est de plus en plus malaisée : combien de morts, est-on vraiment en situation pandémique, y a-t-il eu sur-réaction, … ?, je livre à vos réflexions ce texte de Patrick Lagadec et Marc Guerrier : http://www.espace-ethique.org/doc2009/pandemie/pl_mg_pandemie1.pdf : Réflexions à chaud sur la grippe A/H1N1 (Vendredi 1er Mai 2009)

Parmi les réflexions des auteurs, retenons que les plans doivent rester une aide, des outils, mais en aucun cas devenir des règles ou automatismes sclérosants. Face aux crises complexes, des formations adaptées semblent encore faire défaut. Ainsi, d’après les auteurs :
- Toute situation de crise impose la prise de décision ;
- L’impératif est encore plus primordial avec les crises du XXIe siècle, qui peuvent entrainer des coûts humains bien plus considérables que par le passé. Le risque du « wait and see » est d’autant plus élevé que les crises émergentes sont désormais marquées par des sauts qualitatifs dans l’ordre de la gravité, de la vitesse, de l’étendue, de l’incertitude, de la complexité, de l’inconcevable.
- nos formations aux situations de crise sont largement du type « prise de connaissance des réponses à appliquer », et de façon rarissime des préparations aux univers de très haute incertitude, marqués par la discontinuité et le chaotique. Aussi longtemps que ce changement de vision n’aura pas été opéré, nous serons bien mal préparés aux surprises majeures des crises désormais à l’ordre du jour.
Les 4 questions à se poser lors de toute crise majeure pour aider et consolider à la prise de décision sont :
- De quoi s’agit-il ?
- Quels sont les pièges à éviter ?
- Avec quels acteurs va-t-il falloir travailler ?
- Quelles initiatives créatrices ?
3 réflexions ponctuent cet article :
1/ quelles lisibilité, transparence et intelligibilité des raisons pour lesquelles les dynamiques ont été enclenchées : qu’est-ce qui a réellement poussé l’OMS à franchir des seuils d’alertes. Ne sommes-nous pas, cette fois, dans une dynamique de sur-réaction ?
Si finalement la gravité épidémique s’avère sans rapport avec la puissance des mesures prises, et si aucune précaution de présentation n’a été prise, les risques en termes de perte de crédibilité sont sévères.
2/ si une pandémie sévère se réalise, cela supposera des mobilisations des niveaux exécutifs et de tous (l’ornière habituelle est d’en rester aux questions techniques aussi longtemps que possible, il est alors trop tard pour définir et engager de véritables actions stratégiques).
3/ L'essentiel finalement est d’intégrer dans nos préparations aux crises des démarches innovantes, pour toujours être en mesure de définir des stratégies pertinentes. Aussi longtemps que ce changement de vision n’aura pas été opéré, nous serons bien mal préparés aux surprises majeures des crises désormais à l’ordre du jour.

LES TROIS CHEVALIERS ET LE PATRIOTISME RUSSE

(thème des "3 chevaliers" utilisé par une marque de bière")


(les "trois chevaliers", tableau de Vasnetsov, 1898)


Ma participation au débat du mois : « La Russie, puissance résurgente », thème de mai 2009 sur le blog de l’Alliance Géostratégique, http://www.alliancegeostrategique.org/ :

Le poids des mythes historiques russes :

On ne peut pas cerner la volonté de puissance et le complexe obsidional russes sans prendre en compte l’importance des mythes de la grande Russie dans le patriotisme qui anime la majorité des citoyens russes.

Ainsi, peut-on lire sur le site de Voice of Russia, cet extrait datant de 2004 (10.11.2004) :
« …Fans of Russian art will remember the famous painting by Vasnetsov “Three Bogatyrs”. Aliosha Popovich, Dobrynia Nikitich and Ilya Muromets — fairy-tale heroes from Russian epic legends… Yet not only! Believe it or not, these were real-life people, famous Russian warriors, who lived in the 10th century. Memory of them lives on to this day – in our folk songs… » http://www.ruvr.ru/main.php?lng=eng&q=3062&cid=134&p=10.11.2004

Les « Три богатыря » ("Trois bogatyrs" ou "Trois chevaliers") est un tableau de Victor Mikhailovitch Vasnetsov, peint en 1898 et exposé à la galerie Tretiakov de Moscou.

En Russie, on retrouve la reproduction de ce tableau partout : sur les tablettes de chocolat, les boîtes de bonbons, les écrins en bois pour les bijoux, les calendriers, les bouteilles de bière (voir photo ci-dessus), etc.… Cette image accompagne donc les Russes tout au long de leur vie.
Les « trois Chevaliers » sont donc de vieux amis d’enfance sortis directement des contes russes ou des manuels d’histoire, à la gloire du patriotisme russe.

Mais, que représentent-ils ?

Le tableau met en scène trois célèbres bogatyrs : Ilia Mouromets, le plus célèbre de tous, au milieu sur son cheval noir ; Dobrynia Nikititch, à gauche sur le cheval blanc ; et Aliocha Popovitch, à droite sur le cheval alezan.
Les bogatyrs sont d'anciens chevaliers russes (personnages plus ou moins mythologiques, chevalier errant du Moyen Âge), dont les exploits, notamment dans la lutte contre les Tatars, sont relatés dans de longues chansons épiques en vers, les bylines. Le terme dérive probablement du vieux turc baghatur, pour lequel existe aussi une variante persane (Bahadur).
Dans ce tableau, les trois chevaliers scrutent avec vigilance l'horizon et gardent la frontière de l’Etat russe. Dans l’esprit des Russes, ils représentent l’unité indivisible de la Russie : la petite Russie (Ukraine), la Russie blanche (Biélorussie) et la grande Russie.

Il me semble important, en préambule à ce débat, de souligner l’importance de l’imaginaire patriotique russe, et, partant, les sentiments de frustration et d’humiliation qui les animent depuis l’éclatement de l’empire soviétique.